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MOOC Gestion de projet

ABC de la gestion de projet

Peut-être faites-vous partie des 21 000 inscrits à la sixième édition du MOOC ABC de la gestion de projet, conçu par Rémi Bachelet, enseignant-chercheur à l’Ecole Centrale de Lille ?

Le contenu

Ce MOOC (Massive Open On line Course), le premier MOOC certificatif français, présente de façon très claire les fondamentaux de la gestion de projet :

  • Qu’est-ce un projet ?
  • L’organisation projet
  • Les différentes phases d’un projet
  • Les outils de la gestion de projet
  • Les « points durs »
  • 10 modules optionnels parmi lesquels le management de l’équipe projet, le management visuel du projet, la gestion des risques, les méthodes et outils de résolution de problème, du projet à l’action entrepreneuriale…

Mes préférences

Ce que j’ai particulièrement aimé dans ce MOOC :

  • La clarté de chaque cours, la structuration de chaque vidéo. Certains pourraient trouver qu’elles sont trop « scolaires »; pour ma part j’apprécie leur capacité à donner une base solide à l’apprenant, tout en l’invitant à aller plus loin dans sa réflexion et son apprentissage.
  • La place donnée aux outils collaboratifs. En ces temps de transformation numérique, cela me paraît pleinement justifié.
  • Le module sur les cartes conceptuelles. A titre personnel, j’ai ainsi appris la différence entre une carte conceptuelle et une « mind map » ou carte mentale.
  • La mise à disposition des ressources, y compris des outils comme des modèles de compte-rendu ou de calcul de VAN (Valeur Actuelle Nette).

Tout au long du MOOC j’ai perçu générosité et cohérence de la part de toute l’équipe du MOOC, des qualités auxquelles la responsable de projet que je suis a été sensible !

Quelques suggestions pour une prochaine édition

  • Les méthodes agiles, mentionnées en conclusion du cours, mériteraient peut-être un module optionnel.
  • Des thématiques telles que l’art d’influencer sans autorité hiérarchique, les mécanismes de la prise de décision (voir mon billet sur décision et changement) et la conduite du changement gagneraient à prendre une place plus importante dans ce MOOC.

Maintenant je vous laisse, il faut que j’aille répondre aux quiz de mon second module optionnel…😉

Illustration article MOOC ABC gestion de projet

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Ré-enchanter le monde

Au programme de l’alumni day ESCP Europe : ré-enchanter le monde

Avec Jacques Attali, Clara Gaymard, mais aussi Jean-Pierre Letartre (EY), Vincent Ricordeau (KissKissBankBank) et Elisha Karmitz (MK2), le 6 octobre 2015 dans les locaux de l’ESCP Europe, avenue de la République à Paris.

Commencer par ré-enchanter sa vie

Jacques Attali nous invite à commencer par ré-enchanter notre vie, oser penser notre vie comme une oeuvre d’art, la rêver pour que la réalité puisse advenir. Se demander chaque jour : qu’ai-je fait aujourd’hui pour enchanter ma journée et celle des autres ?

« Enchanter » c’est faire avec la puissance de la pensée magique. La raison n’est qu’une infime partie de notre force, n’oublions pas celle très puissante de la pensée magique. Nous (L’Occident) sommes faibles aujourd’hui parce que nous n’avons plus le discours qui porte la puissance de la pensée magique alors que c’est par la parole que nous pouvons créer les conditions de l’avenir que nous voulons.

Le mal est plus fort que le bien en cela que le mal est la stabilité, comme la mort. Le bien lui est construction, fragilité dans le changement, le mouvement.

Pour se créer soi-même, accepter d’abord de se perdre

Clara Gaymard nous rappelle que le chemin de la création de soi (distinct de la construction de soi) passe par l’acceptation de se perdre.
Nous vivons selon elle des temps à la fois fascinants et terrifiants et nous sommes tous comme Alice au pays des merveilles. Nous devons accepter que les repères avec lesquels nous vivons ne sont plus les bons. Se créer soi-même constitue une leçon d’humilité.

Enfin, citant Saint-Exupéry pour qui l’avenir n’est pas à prévoir mais à rendre possible, Clara Gaymard appelle de ses voeux la transformation de l’économie « disruptive » en économie distributive.

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« A French guy« 

Jean-Pierre Letartre (EY) raconte les murmures étonnés, voire dubitatifs « A French guy… » lors de l’attribution à Monaco du prix mondial de l’entrepreneur de l’année 2015 à Mohed Altrad, Français émigré syrien, premier Français à recevoir ce prix et magnifique exemple d’une personne qui a su ré-enchanter sa vie !

Pour ré-enchanter la France, il faut prendre conscience que les atouts de ce pays correspondent particulièrement bien à plusieurs des grandes attentes économiques actuelles et de demain :

  • mettre en place de nouvelles infrastructures et gérer des ressources fondamentales comme l’eau  –> réussite de plusieurs groupes d’origine française dans ce domaine
  • créer des produits porteurs d’émotion –> la fameuse French touch, la sensibilité française, le + français
  • répondre au rôle grandissant des mathématiques dans les nouvelles technologies –> qualité et renommée des mathématiciens français
  • équilibrer vie privée et vie professionnelle –> les Français sont vigilants à cet équilibre
  • disposer d’une « vraie » qualité de vie –> image véhiculée par la France dans le monde entier.

Jean-Pierre Letartre termine son intervention sur la nécessité de changer le management et créer une « disruption » managériale…qu’il a commencé à initier chez EY.

Une utopie devenue réalité : KissKissBankBank

Après avoir vérifié que tout le public présent dans l’auditorium de l’ESCP avait déjà entendu parler du financement participatif, Vincent Ricordeau l’annonce tout de go : l’utopie du financement participatif est devenue réalité. 35 milliards USD sont versés sur les plateformes de financement participatif.

Les projets en eux-mêmes sont des utopies qui deviennent réalité, par le financement participatif.

Vincent Ricordeau conclut son intervention sur sa vision de la responsabilité de l’entrepreneur : résoudre des problèmes. Ceux des autres.

Une autre utopie devenue réalité : MK2

Ou comment le cinéma peut ré-enchanter la vie. Elisha Karmitz, fils de Marin Karmitz retrace l’histoire de MK2, sans omettre les avertissements de ses détracteurs tout au long du parcours qui a mené MK2 de 3 à 25 salles en Europe, en 40 ans. On lui avait prédit l’échec en Espagne mais dans ce pays MK2 est en avance de 2 ans sur ses objectifs de croissance. A l’heure du streaming, les clients continuent de venir dans les salles MK2 parce que « chez MK2, c’est différent ». Au MK2 de la BNF vous trouverez…une boutique de DVD ! Eh oui ! Sans oublier des cours de danse ou des cours de philo. Et maintenant il y a aussi l’expérience du Cinéma Paradiso au Grand Palais ! « Cinéma, food et clubbing »…la version moderne de « la place du village » ! Elisha Karmitz termine en précisant « Sans les nouvelles technologies, réaliser Cinéma Paradiso en 3 jours n’aurait pas été possible ! ».

En réaction à la présentation d’Elisha Karmitz, Maëva Tordo (Blue Factory) a lancé « A quand des loveseats à l’ESCP !? »…

Et maintenant ? A vous de ré-enchanter le monde !…Toute occasion est bonne : votre prochaine animation d’un comité de pilotage, la prochaine soirée en famille, le prochain trajet dans un métro bondé 😉

PS : le terme « disruptif » ayant été utilisé par deux intervenants, je vous invite à lire le billet Changement, transformation, innovation…le tout disruptif SVP !

 

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« Management et changement »

Management et changement…changer le management !

Cette semaine j’ai envie de partager avec vous des propos entendus lors du petit déjeuner organisé par l’OSI (Observatoire Social International) et l’ANDRH (Association Nationale des DRH) sur le thème « Management et changement : comment conjuguer décision et coopération ? », le 29 septembre 2015, dans le très bel auditorium de Scor, avenue Kléber à Paris.

Mon billet n’est pas un compte rendu de cette manifestation mais les propos des intervenants m’ayant paru enrichissants et stimulants je souhaite vous en faire profiter en reprenant certains des points évoqués lors de la table ronde ou des échanges avec le public.

Coller à la réalité

David Askienazy, co-fondateur avec Antoine des Mazery du cabinet am+da spécialisé en conduite du changement insiste sur l’importance d’une transformation qui soit réellement adaptée à la réalité du métier, faute de quoi s’installera une forte résistance au changement. Le dialogue véritable est indispensable entre le décideur stratège et « le terrain ».
Issu des propos de David Askienazy, un exemple bien « parlant » : le management avait prévu un changement mettant en place le travail de nuit (passage de 2×8 à 3×8) ce qui perturbait l’équipe utilisant les chariots élévateurs électriques dont le rechargement s’effectuait précisément…la nuit.

En écho aux propos de David Askienazy, Pierre Deheunynck, DRH du groupe Crédit Agricole rappelle que les dirigeants – eux aussi – sont stressés par le changement. Il est loin le temps où le changement s’effectuait sans que l’on ne s’en rende compte. Les dirigeants ont eux aussi des difficultés face au changement. En particulier, ils ont la croyance qu’ils sont à leur poste, leur niveau de responsabilité pour diriger seul (ou quasiment) sans associer. Selon Pierre Deheunynck, une approche « co- » leur permettrait une vision globale, à 360° du changement et non pas seulement une approche partielle  à partir de leur prisme de dirigeant.

Si je reprends l’exemple du rechargement du chariot élévateur, ne pas savoir qu’il se recharge la nuit est une chose, ne pas le demander ou chercher à le savoir en est une autre. Dans cet exemple, le rechargement du chariot élévateur correspond à une interrogation, une crainte. Ne pas chercher à connaître les questionnements, les incompréhensions ou les peurs de celui qui va vivre le changement va générer une forte résistance au changement.

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Ne plus penser pour les autres, mais penser avec eux

Pour Jean-Paul Bouchet, président de l’AGIRC et secrétaire général de CFDT Cadres, le management doit arrêter de penser pour les autres, mais penser avec eux. La pluralité des expressions est essentielle dans la conduite du changement. La coopération est aujourd’hui indispensable pour donner de la cohérence et du sens de bout en bout, de la conception à la mise en oeuvre du changement. Faisant référence à un cas de figure qu’il a vécu au cours de sa carrière, Jean-Paul Bouchet affirme avec conviction « Le responsable de projet ne doit pas accepter de prendre un projet dont il sait qu’il ne marchera pas, qu’il est voué à l’échec. »

En ce qui concerne l’articulation entre décision et coopération, je vous invite également à lire le billet « Décision et changement« .

Un changement de paradigme

« La coopération relève d’un changement de paradigme », poursuit Jean-Paul Bouchet.
Passer d’un management d’individualisation glorifiant la figure du dirigeant comme héros solitaire à la coopération est une transformation en profondeur, à savoir passer de faire pour son intérêt à faire bien pour le groupe.

Philippe Canonne, ancien DRH et membre du bureau de l’ANDRH, considère que le « management de la performance » mis en place depuis 20-30 ans n’a pas marché. Il faut désormais s’adresser à tout le monde et pas seulement aux « happy few ». Il y a nécessité de refonder le pacte social de l’entreprise pour faire face à la transformation numérique.

Le chemin et la destination

En tant que responsable de projet je suis sensible à la formule de Jean-Paul Bouchet « Le chemin de la transformation est tout aussi important que la finalité du changement. »

Et vous, qu’en pensez-vous ?…N’hésitez pas à laisser vos commentaires !

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« Impose tes règles »

Slogan « décomplexé »  ?

Une marque de produits destinés notoirement aux jeunes a lancé cet été une campagne publicitaire avec comme slogan « Impose tes règles ». Inutile de citer cette marque…que vous avez sans doute déjà pu identifier.

Illustration pour l'article Impose tes règles sur règles et changement

Stupeur, tremblements et perte de sens

« Impose tes règles » : impose tes règles à qui ? Aux autres, bien sûr ! A toi-même ? Hum….Au fait, les autres ont tous le droit de t’imposer leurs règles alors ? ça marche comment au bout du compte ?…ça crée quoi ?…ça apporte quoi ?…

La prochaine fois qu’un consommateur volera un produit de la marque en question je suppose que cette dernière ne manquera pas de se féliciter que son client ait mis en pratique son exhortation à imposer ses propres règles. Non ? Ah bon…

Je me suis demandée ce qui avait bien pu passer par les têtes des publicitaires, hommes et femmes marketing de l’entreprise en question pour en arriver au choix de ce slogan…Une telle campagne publicitaire ne peut qu’avoir été validée par la Direction Générale de la marque…Aurait-elle oublié ce qu’est une règle, à quoi elle sert et comment on l’utilise ?

Bien évidemment, si chacun impose sa règle, autant dire qu’il n’y a plus de règle mais seulement le fait du prince à la portée de tous.

Illustration 2 pour l'article Impose tes règles sur changement et règles

La règle tout au long du projet

Le thème de ce blog étant le changement en entreprise, je centrerai le billet de cette semaine sur l’utilisation de la règle ou des règles tout au long du projet de changement, par le responsable de projet.

Quelques évidences, bonnes à rappeler :

  • expliciter les règles
    Des règles de fonctionnement des réunions aux règles de validation de chaque étape du projet en passant par les règles des processus, le responsable de projet a tout intérêt à expliciter aux acteurs du projet les règles utilisées. Surtout, ne pas croire que chacun connaît ces règles perçues par le chef de projet comme « évidentes ».
  • remettre la règle au centre comme on remet la balle au centre
    Chacun connaît bien ces moments où règne le « n’importe quoi », où certains semblent oublier l’objet de leur présence en réunion, l’objectif recherché, où la fatigue, le découragement, le manque de professionnalisme l’emporte. C’est le moment pour le responsable de projet ou l’animateur de la réunion de remettre la règle au centre comme on remet la balle au centre.
  • faire respecter les règles
    Le responsable doit savoir faire respecter les règles, tout au long du projet. Cela fait partie de la « rigueur » nécessaire à l’exercice du métier de chef de projet. Rigueur ne voulant pas dire rigidité, le responsable peut cependant choisir de ne pas respecter une règle mais cette décision devra être explicitée et prise…suivant les règles !
  • savoir être flexible
    Savoir faire respecter les règles n’exclut pas l’art d’être flexible quand l’intérêt global du projet est en jeu. Pour influencer sans lien hiérarchique, le responsable de projet doit se montrer flexible.  

En revanche, l’arbitraire du « Impose tes règles » ne fait pas partie du comportement à adopter par un responsable de projet !

Mettre en place une nouvelle règle

Très souvent (toujours ?), le livrable du projet suppose la mise en place de nouvelles règles ou le changement de règles.

Là encore, quelques « évidences », bonnes à rappeler :

  • formuler la règle (ne pas la laisser non-dite ou supposée connue)
    Exemple : pour disposer d’un bureau individuel, le manager doit être hiérarchique d’au moins 10 personnes
  • s’assurer de la compréhension univoque de la règle par tous
    Exemple : le manager qui gère une équipe de 11 personnes dont 8 « internes » et 3 « externes » a t-il droit à un bureau individuel ?
  • anticiper la gestion de la règle dans le temps
    Exemple : si le manager remplit son objectif de baisse des effectifs et réduit son équipe à 8 personnes, perdra t-il son bureau individuel ?
  • préciser le contrôle du respect de la règle dans le temps
    Exemple : le bon respect de la règle est-il vérifié une fois par an ? tous les 3 ans ? ….jamais ?
  • anticiper les demandes d’exception
    Exemple : le manager qui gère des dossiers particulièrement sensibles et confidentiels mais n’encadre personne en direct ne devrait-il pas disposer d’un bureau individuel ?
  • vérifier la faisabilité de la règle
    Penser à ceux qui auront à appliquer cette règle !
  • réfléchir aux modalités de révision de la règle
    Dans un monde qui bouge, il est illusoire, voire peu professionnel de penser que la nouvelle règle est « gravée dans le marbre ». Il est donc prudent de prévoir des modalités de révision de la règle. Faute de quoi, la durée de vie de la bonne application de la règle risque de s’avérer fort courte.

Cette liste n’est bien évidemment pas exhaustive !

Et toujours, pour le responsable de projet, faire émerger, clarifier et éclairer avant de faire valider l’instauration d’une nouvelle règle en apportant une vision la plus globale possible, intégrant au mieux la dimension « temps », l’évolution dans le temps. La règle est faite pour pouvoir durer tout le temps qu’elle est nécessaire. Elle n’est pas faite pour répondre à un besoin « instantané » souvent mal analysé ni au « caprice du moment ». Faute de quoi la contre-règle succèdera trop rapidement à la règle semant doute, consternation et démotivation parmi les collaborateurs.

Illustration de l'article "Impose tes règles" du blog changementviolet.fr 3

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Florilège de citations sur le changement

11 citations sur le changement, d’Héraclite à Francis Blanche

Cette semaine, j’ai eu envie de vous faire partager quelques citations sur le changement, connues ou moins connues mais toutes stimulantes !

L’évolution ne connaît pas la marche arrière. Boris Cyrulnik

On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve. Héraclite d’Ephèse

On ne se baigne jamais deux fois dans le même sapiens. Alain Prochiantz, neurobiologiste, académicien et administrateur du Collège de France

Il n’existe rien de constant si ce n’est le changement. Bouddha

Illustration pour le billet du blog changementviolet.fr

Ce n’est pas la plus forte ni la plus intelligente des espèces qui survivra mais celle qui sera la plus apte à changer. Charles Darwin. 

Le monde déteste le changement, c’est pourtant la seule chose qui lui a permis de progresser. Charles F. Kettering, inventeur, homme d’affaires

Mieux vaut prendre le changement par la main avant qu’il ne nous prenne par la gorge. Sir Winston Churchill

Face au monde qui bouge, mieux vaut penser le changement que changer le pansement. Francis Blanche

La folie, c’est de se comporter de la même manière et s’attendre à un résultat différent. Albert Einstein

Traitez les gens comme s’ils étaient ce qu’ils pourraient être et vous les aiderez à devenir ce qu’ils sont capables d’être. Johann W. von Goethe

Vous devez être le changement que vous voulez voir dans ce monde. Gandhi

Illustration pour le blog changementviolet.fr

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Changement, transformation, innovation…le tout disruptif SVP !

 

Les mots pour le dire

L’innovation disruptive, c’est avant tout une façon de définir le processus de transformation d’un marché. La disruption change un marché non pas avec un meilleur produit – c’est le rôle de l’innovation pure – , mais en l’ouvrant au plus grand nombre. »


Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement. Et les mots pour le dire viennent aisément. »

Suivons donc le propos de Monsieur Boileau et essayons d’y voir un peu plus clair dans le jargon de l’entreprise relatif aux…trucs qui bougent

Dans la langue française, changement, innovation et transformation sont des synonymes. Pourtant, le jargon de l’entreprise semble introduire entre ces termes des nuances, des subtilités, voire une hiérarchie qui méritent un petit éclairage…dont le caractère particulièrement subjectif et quelque peu malicieux n’échappera pas au lecteur attentif…;-)

Innovation

« Changer par esprit et désir de nouveauté », la définition du verbe innover par le Littré m’a paru bien correspondre au jargon managérial qui semble plus souvent appliquer le terme innovation au marché, aux clients de l’entreprise (« un produit innovant ») et moins directement au fonctionnement de l’entreprise, pour lequel on utilisera plus aisément les termes de transformation et changement.

Innovation comprend aussi une notion de rupture que l’on ne retrouve pas dans le terme de transformation.

Trans-formation

Il s’agit de changer de forme, de passer d’une forme à une autre, en réutilisant l’existant.

S’agirait-il d’un changement de forme sans changement de fond ? 😉

Changement

Action de céder une chose pour une autre, prendre en échange mais aussi devenir autre. Il y a de l’abandon dans le changement, ce qui peut s’avérer douloureux.

Mieux vaut prendre le changement par la main avant qu’il ne nous prenne par la gorge (Sir Winston Churchill)

Il me semble que le terme changement tend aujourd’hui à être supplanté par celui de transformation dans le jargon managérial. La Harvard Business Review a publié en janvier 2015 un article très sérieux intitulé « We still don’t know the difference between change and transformation« . L’auteur de l’article y défend l’idée que le changement relève de la mise en place de modifications généralement bien délimitées alors que la transformation porterait sur un mouvement plus global, profond et vaste, aux implications transverses. La transformation serait aussi plus risquée que le changement. Enfin, le résultat attendu par le changement serait clair, facilement descriptible alors que le résultat attendu de la transformation garderait une part d’inconnu.

Illustration pour l'article transformation

Qu’il s’agisse de piloter le changement, la transformation ou l’innovation il faudra un responsable de projet ! Je vous invite ainsi à découvrir une espèce à protéger : « The cult of the heroic project manager ».

Last but not least…Disruptif

Définition du Petit Robert : Electricité. Qui éclate. Décharge disruptive, produisant une étincelle qui dissipe une grande partie de l’énergie accumulée.

Je vous laisse également apprécier la définition qui apparaît en haut de page d’une recherche Web :
« Qui transperce un isolant en désorganisant sa structure mécanique et chimique, momentanément ou définitivement. Perturbateur, perturbant. »

De l’autre côté de la Manche, le Robert & Collins nous indique :
disruptive : [child, behaviour] perturbateur. To be a disruptive influence : avoir une influence perturbatrice.
To disrupt voulant dire perturber, déranger, semer la confusion ou interrompre. Il y a là désorganisation.

Illustration de l'article Changement, transformation, innovation...le tout disruptif SVP !

Pourtant, voilà l’usage qui est fait aujourd’hui du substantif disruption, à l’initiative d’un professeur de Harvard, celui que certains appellent le pape de l’innovation disruptive : « L’innovation disruptive, c’est avant tout une façon de définir le processus de transformation d’un marché. La disruption change un marché non pas avec un meilleur produit – c’est le rôle de l’innovation pure – , mais en l’ouvrant au plus grand nombre. » Plus encore  » Notre époque pourrait, devrait même, être encore plus disruptive. » Ces propos sont extraits d’un article de La Tribune paru le 10 mars 2014.

Vous ne manquerez pas d’observer l’habileté remarquable à utiliser les mots changer, transformation, innovation, disruptif en deux phrases. Je m’interroge également sur cette façon d’appeler de ses vœux une époque encore plus perturbante, dérangeante…toutefois sans le dire.

En guise de résumé quelque peu impertinent

En utilisant changement, vous jouez la sécurité. Pas de risque de vous tromper. Mais certains pourront trouver que vous jouez petit bras.

Transformation, en particulier quand ce substantif est suivi de « digitale », vous assure à coup sûr de faire mouche. Mais il vous faut cependant vérifier que votre interlocuteur entend bien la même chose que vous sous ce vocable.

Innovation est à recommander si vous voulez montrer la dimension marketing et créative de votre approche.

En précisant disruptif, vous montrez que vous vous tenez au courant des évolutions de langage et que votre propos doit être pris au sérieux !

Enfin, en cas de doute, faites à nouveau appel à Boileau…

J’appelle un chat un chat et Rollet un fripon. »

Illustration article changement, innovation, transformation et disruptif

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Smart : deux changements pour éviter la possibilité d’un changement

Deux « moins » pour éviter la possibilité d’un « moins »…

C’est ce que met au vote la direction Smart de l’usine d’Hambach en Moselle.

Premier changement : augmenter le temps de travail

Deuxième changement : baisser le prix horaire de son travail.
Exemple : si votre salaire est de 70 pour 35 heures, soit 2 pour 1 heure, il diminuera à 1,90 pour 1 heure obtenu en faisant : (2*37)/39, 39 heures payées 37. Selon les media, il s’agit en effet d’effectuer 39 heures payées 37 heures.

Le tout pour éviter la possibilité d’un changement : maintenir l’emploi jusqu’en 2020.

En fonction de quels critères les salariés se prononceront-ils ? Leur peur de perdre leur emploi. Leur âge. Leur confiance en soi.

Je m’interroge sur le message transmis par le cas de l’usine Smart : suffit-il vraiment d’augmenter le temps de travail et baisser le prix horaire de son travail pour maintenir son emploi ?  Dans certains cas, sans doute (il ne s’agit pas de mettre en doute l’honnêteté de la direction de Smart) mais attention à ne pas faire d’un cas précis une généralité. L’emploi n’est-il pas aussi fonction de la demande du marché, des évolutions technologiques, de la formation du personnel, des objectifs des actionnaires, d’une stratégie globale de groupe ?…

Il n’y a pas de « bon » ou « mauvais » vote à la proposition de la direction de Smart mais attention à ce qu’un cas particulier ne soit pas présenté comme LA solution remède miracle à généraliser.


Résultats du vote : Les « modulants », comprenez ouvriers ont voté non à 61% alors que les « non-modulants » ont voté oui à 74%. La direction de Smart commente ce vote oui à hauteur de 56% sur l’ensemble des participants : « ce résultat confirme l’engagement de ses coéquipiers en faveur de l’usine de Hambach. »

A ma connaissance, « coéquipiers » désignent ici les salariés. J’avoue ne pas comprendre comment le salarié dont les relations avec son employeur sont régies par un contrat de subordination peut se retrouver promu « coéquipier ». Espérons qu’il le restera au moment du versement des primes et autres dividendes…


   

 

 

 

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Décision et changement

Pourquoi s’interroger sur le thème décision et changement

J’avais prévu d’écrire quelques lignes sur le thème décision et changement pour rappeler que décider n’est pas changer. Pour autant, la mise en oeuvre réussie d’un changement nécessite nombre de décisions, tout au long du projet qui structure la conception et la conduite du changement. Il faudrait aussi s’interroger sur ces changements qui semblent ne pas nécessiter de prise de décision.

Décider n’est pas changer

Nous le savons tous, il ne suffit pas de le décider pour que le changement advienne. « J’ai décidé de perdre 5 kg ». « J’ai décidé d’arrêter de fumer. » « J’ai décidé d’arrêter de me plaindre ». Ah ! Si seulement il suffisait de le décider….

Pourtant, dans le monde du travail, il arrive que certains l’oublient et croient qu’il suffit de décréter le changement pour qu’il advienne. La réalité leur montrera leur erreur mais comme les dégâts auront déjà été causés il vaut mieux, si vous êtes en position de le faire, proposer à ces personnes de lancer un projet et désigner un/e responsable de projet dont l’objectif sera la bonne mise en oeuvre de ce changement si rapidement décrété.

Décider tout au long du projet

Le/la responsable de projet, en charge de mettre en place le changement, est notamment responsable de définir et structurer l’ensemble des décisions qui sont nécessaires au bon aboutissement du projet. C’est à lui que revient des tâches clés pour la réussite du projet de changement :

  • identifier toutes les décisions à prendre
  • organiser les prises de décision
  • communiquer les décisions prises
  • mettre en oeuvre les décisions prises
  • assurer un suivi de la mise en oeuvre des décisions prises
  • rappeler le sens des décisions prises : garder la mémoire, le fil rouge des décisions prises tout au long du projet.

Les instances de décision

Le responsable de projet doit veiller à ce que les instances de décision soient connues de tous les acteurs concernés et que leurs règles de fonctionnement soient explicites…et pertinentes pour le projet. Il revient notamment au responsable de projet de créer le comité de pilotage du projet.

L’objet de cet article n’est pas de décrire la minutieuse préparation du comité de pilotage qui relève des tâches du responsable de projet mais de proposer quelques outils très simples pour faciliter la bonne prise des décisions attendues du comité de pilotage.

Les responsables de projet aguerris savent bien la propension de certains comités de pilotage à s’improviser groupes de brain-storming au moment de prendre une décision difficile….Si le responsable de projet est l’animateur du comité de pilotage il devra veiller à rappeler leur rôle aux éminents membres du comité de pilotage…;-). Même si cela est chronophage, le responsable de projet aura tout intérêt à préparer le comité de pilotage avec les participants clés, en bilatéral, de façon à désamorcer et éviter toute mauvaise surprise en séance.

Plutôt que  de rédiger un long compte-rendu de réunion qui ne sera lu par personne, j’invite les responsables de projet ou secrétaires de comité à :

  • rédiger un relevé de décision et non pas un compte rendu.
  • rédiger ce relevé de décision pendant la réunion. Utiliser le dernier quart d’heure de la réunion pour noter devant tout le monde (vidéoprojecteur)  les décisions qui viennent d’être prises.
  • faire valider ce relevé de décision en séance.

Recette du relevé de décision en séance

Préparer votre relevé de décisions avant la réunion : vous connaissez les décisions que vous soumettez aux membres du comité et dans certains cas, vous pouvez même préparer la structure de la réponse (oui/non, option basse/option haute, etc.).

Rédiger la version finale du relevé devant tout le monde (vidéoprojecteur), ce qui permettra aux participants d’y ajouter leurs remarques « en direct ».

Enfin, procéder à la validation du relevé de décision « en direct ».

J’ai expérimenté cette pratique dans des instances inter-professionnelles qui utilisaient auparavant la méthode du compte rendu reprenant quasiment in extenso les propos des participants et faisant l’objet de multiples allers retours avant d’être enfin validé, plusieurs jours, voire plusieurs semaines après la tenue de la réunion. Lors des deux ou trois premières réunions avec la méthode de relevé de décision en séance, certains ont été surpris mais quelque temps plus tard, personne n’aurait voulu revenir à l’ancien système et j’ai appris que cette pratique avait été adoptée dans d’autres instances.

Vous l’avez bien compris, cette façon de faire est pertinente pour une instance de décision…pas pour un groupe de créativité !

Les prises de décision

Le responsable de projet doit s’assurer du mode de prise de décision : une décision est-elle prise à l’unanimité du comité de pilotage ? Ou celui qui parle le plus fort l’emporte t-il ?…

Il est de la responsabilité du chef de projet de s’assurer que ceux qui ont la tâche de décider disposent des informations pertinentes pour le faire. Evidence me direz-vous ? Evidence pas si évidente que ça dans la pratique…Le responsable de projet doit vraiment être vigilant à la qualité et pertinence des informations qui vont conduire à la prise de décision. Il revient aussi au responsable de projet de présenter au mieux l’objet de la décision, ses enjeux et conséquences.

En résumé, le responsable de projet doit éclairer celui qui s’apprête à décider, afin de faciliter son choix :

  • qualité et pertinence des informations
  • clarté de la présentation des termes de la décision à prendre.

Le directeur de projet doit aussi s’assurer que le décideur a bien compris la décision qui lui est demandé. Le responsable de projet qui travaille à 200% sur son cher projet oublie que les membres du comité de pilotage ne voient souvent son cher projet que comme un objet un peu exotique, leur participation se résumant à 2 heures de comité de pilotage mensuel…sans avoir lu les documents préparatoires mais en regardant avec amour leur smartphone préféré pendant que le responsable de projet est très fier de leur présenter l’avancement de son cher projet. Toute ressemblance avec des faits…ne serait pas fortuite.

Le responsable de projet devra enfin se méfier des trop fameuses « décisions de coin de table » qui semblent la panacée sur le moment mais sont rétrospectivement de regrettables fausses bonnes idées.

Les directeurs de projet aguerris savent tout cela mais je m’adresse là aux jeunes chefs de projet ! 🙂

La façon de prendre les décisions en fonction de la situation

Il nous paraît évident que l’on ne décide pas de la même façon en situation d’urgence vitale ou pour une prévision à 5 ans impliquant de nombreux acteurs aux profils différents.

Il y a plusieurs façons de décider et suivant le contexte, certaines façons de faire sont plus pertinentes que d’autres. Pourtant, bien souvent, nous décidons sans nous interroger sur la façon dont nous le faisons, trop pressés que nous sommes…d’obtenir une décision !

Rappelons brièvement les différentes façons de décider :

  1. JE décide selon MES idées
  2. JE décide selon NOS idées
  3. NOUS décidons selon NOS idées
  4. VOUS décidez selon VOS idées

Catherine Conti (E.V.A. CONSULTANTS), coach et formateur, m’a fait découvrir le test LJI : indicateur de jugement en situation de leadership (Hogrefe Oxford). Ce test m’a paru particulièrement intéressant pour identifier si nos façons « naturelles » de décider, nos préférences dans le mode de décision sont les plus pertinentes en fonction de la situation. Dit autrement, en tant que manager, savons-nous adapter nos préférences à la situation ?

 

Illustration article décision et changement

Changer sans décider ?

Pour terminer cet article, une observation sur ces petits changements qui semblent se faire sans décision préalable :

  • l’introduction régulière de nouveaux mots dans le jargon de l’entreprise…sans que l’on en connaisse précisément le sens ou l’origine mais dont l’usage semble essentiel à la crédibilité,
  • l’usage abusif du portable pro pendant les jours non ouvrés…
  • la généralisation de la bise aux femmes, créant ainsi une distinction entre femmes et hommes sur le lieu de travail, alors qu’il y a 30 ans « tout le monde » se serrait la main. Je prône quant à moi le retour du baise-main 😉
  • etc.

Je suppose que pour désigner ces phénomènes on préfère le terme d’évolution à celui de changement…Là encore, gardons une attention, une vigilance face aux risques de dérive…Il ne s’agit pas d’aller contre mais de trouver et ajuster sa place, celle où l’on se sent bien.

Certains remarqueront que je n’ai pas traité dans cet article du changement de décision. Ce sera pour une prochaine fois !

Décision et changement : un seul article ne suffit bien évidemment pas pour faire le tour de cette question essentielle pour le bon pilotage du changement mais j’espère que cette toute première approche vous amènera à visiter avec un regard plein de curiosité votre propre pratique de la prise de décision.

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Comprendre le changement

Ces changements qui nous déplaisent

Comment réagir à un changement qui nous déplaît

Illustration pour "Ces changements qui nous déplaisent"
Certains aiment, d’autres pas !

Il me semble important de reconnaître que si nous n’avons pas le choix d’un changement qui nous serait imposé, nous avons le choix de notre réaction. A nous de choisir entre « accepter » sans mot dire, râler sans rien faire, tenter d’influencer, s’opposer…

Ce choix va certes dépendre de notre humeur, de l’importance du changement et de son effet sur notre travail ou notre vie quotidienne mais il doit aussi tenir compte de notre rôle et de notre responsabilité, celle que nous avons et celle que nous souhaitons prendre, dans ce changement.

Où il est question des langues de Shakespeare et Molière

Après avoir téléchargé la nouvelle version du système d’exploitation de mon smartphone je constate avec agacement que le clavier tactile se positionne automatiquement en saisie de lettres majuscules après que j’aie tapé « : ».
Il était évident que cette nouvelle version suivait les règles de la langue anglaise (et américaine), à savoir faire commencer par une majuscule le mot qui suit « : », alors que la langue française demande la poursuite de l’écriture en minuscules après « : ».

Prise d’un esprit de « résistance », je décide d’utiliser la touche « majuscule » pour rebasculer en minuscules. Mais bien sûr cela m’agace et me rappelle que je n’aime pas cette nouvelle version.

Quand je suis agacée, j’ai envie de le faire savoir ! Je décide alors de faire part à qui de droit que cette nouvelle version ne me convient pas du tout. Là, les choses se compliquent…Je découvre qu’il est extrêmement difficile de trouver un site ou une adresse mail pour transmettre ma remarque. Je finis par envoyer un mail à un représentant français de l’éditeur du logiciel. Mon mail est resté sans réponse.

Plusieurs mois après l’installation de cette nouvelle version, je continue de prendre le temps de rebasculer en minuscules…Je tiens à marquer le coup et contourner ce changement qui me déplaît. Ce faisant, je ne pénalise personne. J’accepte d’avoir un « clic » supplémentaire à faire pour obtenir ce que je veux, en allant au-delà de ce que me propose d’office le logiciel.

Nouvelle version du site R..P

Utilisatrice quotidienne des transports en commun parisiens, je fréquente régulièrement le site R..P. Ce dernier a récemment changé de version. Patatras ! J’y découvre plusieurs anomalies ou suppressions de fonctionnalités. Le directeur de projet que je suis n’a pu s’empêcher de penser « Ah ! Encore un projet livré après une phase de recette trop légère, où on a laissé passer des bugs que l’utilisateur lambda n’aurait lui pas manqué de détecter. Pas terrible la qualité de la recette. »

Après avoir râlé toute seule devant mon ordinateur, je décide de communiquer au site R..P les anomalies ou suppressions de fonctionnalités relevées. Je trouve facilement le formulaire de contact pour transmettre mes commentaires. Très vite j’obtiens une réponse par mail et quelque temps après je constate la correction de certaines anomalies !

Désormais, c’est presque avec une certaine tendresse que j’observe les dernières anomalies restantes…

Une palette de réactions possibles

Au travers de ces deux exemples anodins, il me semble que nous pouvons retenir la diversité des réactions parmi lesquelles nous avons à choisir :

  • acceptation façon « courber l’échine sans piper mot »
  • râler mais sans faire bouger les choses, râler tout seul ou auprès de personnes qui ne sont pas responsables de ce changement jugé déplaisant
  • chercher à faire part des anomalies ou points qui posent problème aux acteurs responsables ou susceptibles de l’être (le responsable de projet, un hiérarchique, un membre du comité de pilotage du projet)
  • adopter une façon de contourner ce qui déplaît ou pénalise
  • tenter de faire évoluer
  • refuser le changement.

Bien évidemment, en fonction du contexte et de la nature du changement, chaque option n’est pas possible ou bénéfique.

Décider de sa réaction face à un changement déplaisant

Il est courant de croire que nous subissons un changement déplaisant. L’objectif de cet article est de faire percevoir qu’il nous revient de décider de notre réaction face à un changement déplaisant. Il s’agit d’avoir conscience des choix possibles sur la palette des réactions et de choisir en fonction de critères qui peuvent être :

  • les bénéfices que l’on tire soi-même de tel ou tel choix, son propre intérêt.
  • les bénéfices que d’autres peuvent retirer de notre choix : l’ensemble des utilisateurs, le projet, la structure dans laquelle on se trouve. Bref, « l’intérêt général » ou en tout cas un intérêt qui va au-delà du sien propre.
  • son propre rôle par rapport au changement. On peut/doit intégrer comme critère du choix de sa réaction le fait que l’on est utilisateur référent, hiérarchique, membre du comité de pilotage, responsable projet, expert, etc. En tant que responsable de projet, je comprends qu’un utilisateur lambda râle sans rien proposer alors qu’un manager hiérarchique, membre du comité de pilotage du projet,  qui se plaint sans rien proposer ne me paraîtra pas tenir son rôle ni être à la hauteur de sa responsabilité.
  • ce que produit notre choix de réaction sur notre entourage. Entendre son collègue se plaindre ou le voir proposer une idée ne produit pas le même effet sur l’entourage et l’ambiance qui en résulte.

Enfin, ne pas oublier ce que nous enseignait les stoïciens  : accepter ce qu’on ne peut pas changer, avoir le courage de changer les choses sur lesquelles on peut agir.

Illustration pour l'article "Ces changements qui nous déplaisent"
La version moderne des stoïciens ?

 La prochaine fois qu’un changement vous déplaira, comment choisirez-vous d’y réagir ?

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Contribuer au changement

Courage et changement

Passerelle dans le brouillard
Au-dessus du glacier du Mont Titlis (Suisse)

Peur, courage et changement

Août 2013. 3 000 m au-dessus du plancher des vaches suisses. En-dessous, que du blanc. Devant, que du blanc. Et la passerelle qui bouge sous mes pieds…Je me suis dit « Bah, c’est suisse, c’est solide. Et puis au loin j’aperçois des silhouettes de touristes japonais…Allez, j’y vais ! »

La route du changement, c’est parfois un peu comme la passerelle au-dessus du glacier suisse par mauvais temps…On nous dit que ça va être génial mais on y voit rien, ni en-dessous, ni devant, ni sur les côtés. Pas la place pour faire demi-tour. Le « sol » qui se dérobe sous nos pas…et cette passerelle au fait, elle fait 50 m ou 5 km ?

Que cela nous plaise ou non, le chemin vers le changement va nous faire croiser peur et courage. Les nôtres et celles des autres.

J’ai cherché « peur changement » dans un moteur de recherche bien connu et ai obtenu « environ 21 300 000 résultats ».
J’ai ensuite cherché « courage changement » dans le même moteur de recherche et le verdict est tombé « environ 10 500 000 résultats ».
2 fois plus de peur que de courage associé au changement  ! Nous voilà bien ! 🙁

La peur est indissociable du courage. La peur peut empêcher le courage de survenir mais elle est aussi présente dans l’acte courageux qui décide de dépasser cette peur.

Le courage, une nécessité ?

« Le coût de la lâcheté est bien supérieur à celui du courage« . Cette petite phrase de Cynthia Fleury, auteur de La fin du courage, me plaît bien et me semble fort justement s’appliquer au courage nécessaire au changement en entreprise.

Il ne s’agit certes pas de maîtriser un homme armé dans le compartiment d’un Thalys de retour d’Amsterdam, de s’opposer comme Giordano Bruno ou de se battre comme la résistante Madeleine Riffaud mais « simplement » de ne pas se laisser dominer par le code non dit du « pas de vague » dominant largement dans le monde du travail.

Le courage, c’est accepter de sortir du rang pour dire qu’autre chose est possible et refuser ainsi la situation présentée comme contrainte à laquelle on ne peut rien, ou pire que chacun a déjà acceptée.

Le courage, c’est manifester sa volonté et aussi ne pas reporter sur les autres ce qu’il y a à faire. Le courage ne se délègue pas, ni ne se décale dans le temps.

Le courage est également le refus du cynisme.

Celui qui est courageux n’ignore pas pour autant la peur (sinon ce ne serait qu’un « inconscient ») mais il considère qu’aller au-delà de cette peur importe pour un bien, une vision plus grande. Celui qui est courageux sait le coût du non-courage…

On voit ainsi les liens qui unissent courage et changement.

Que serait un changement sans courage ?…

Du courage à chaque étape du projet de changement

  • Fixer des objectifs et des délais ambitieux et raisonnables

Fixer des objectifs irréalistes conduit à une démotivation des acteurs qui jugent alors le projet non crédible…avant même qu’il n’ait commencé.

  • Participer « activement » aux instances dont on est membre

Ne pas aller dans le sens du vent, laisser faire, ni s’opposer systématiquement sans apport autre que la critique négative, mais apporter une réelle contribution au groupe, à l’instance de travail ou de pilotage sur la base de ses connaissances et compétences. Avoir le courage d’apporter sa pierre à l’édifice.

Il y a plusieurs années j’avais suivi une formation sur l’animation des réunions. Un participant avait demandé au formateur « Et si, en tant que simple participant, je constate que l’animateur n’est pas bon dans son animation de la réunion, que faire ? » Réponse immédiate du formateur « Alors, il est de votre responsabilité de participant d’aider l’animateur ! ».

  • Prendre en compte les résistances

Eh non ! Tout le monde n’est pas heu-reux à l’idée du prochain changement…En tant que responsable de projet, il vous faut le prendre en compte. Ne pas faire comme si les résistances n’existaient pas, ne pas s’y « soumettre » non plus. Les prendre en compte comme quelque chose faisant partie intégrante du projet, sans pour autant se laisser détourner de votre responsabilité : faire aboutir le projet.

  • Accepter les conflits

Ne pas fuir les conflits, ne pas les favoriser non plus ! Mais s’ils adviennent, les gérer en sachant remettre la règle au centre.

  • Penser le temps

Ne pas réagir uniquement dans le temps de l’immédiateté mais intégrer ce que certains appellent le temps long.

  • Faire un bilan de projet honnête

Ne pas réduire le bilan de projet a un acte de congratulations et flatteries en tous genres. Il sera beaucoup plus profitable de mettre en avant les réalisations et de proposer des enseignements, des « leçons à tirer » des points qui ont moins bien marché.

Si les objectifs ont changé 5 fois au cours du projet et que le projet est conforme aux derniers objectifs fixés, dire que le projet a rempli ses objectifs sans mentionner l’évolution par rapport aux objectifs initiaux ne contribuera pas à l’image de rigueur et honnêteté dont vous avez besoin en tant que responsable de projet 😉

  • Accepter le changement

Courage d’accepter un changement décidé par d’autres, une transformation pensée et mise en oeuvre par d’autres.

 

Enfin, n’oubliez pas : « Le coût de la lâcheté est bien supérieur à celui du courage » !…

Je ne développe pas ces différents thèmes qui pourront faire l’objet de prochains articles sur ce blog.

Et vous ?

Vous souvenez-vous d’une décision qui dans un premier temps vous a demandé du courage et dans un second temps vous a apporté une grande satisfaction personnelle ?

Avez-vous gardé un regret ou une déception d’une décision courageuse ?