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Guide des égarés en entreprise

Guide des égarés en entreprise – Le temps

Le temps déformé

Nouvelle rubrique dans ce blog : le guide des égarés en entreprise. En référence au dernier livre de Jean d’Ormesson, Le guide des égarés qui lui-même reprend le titre de l’ouvrage du philosophe Moïse Maïmonide (12ème siècle), également traduit par Le guide des perplexes.

Dans son dernier ouvrage, Jean d’Ormesson consacre quelques belles pages au temps. Mais que devient ce temps si mystérieux dans le monde de l’entreprise ?

Le guide des égarés en entreprise

Le temps de l’autre

Caractéristique principale : il ne compte pour rien.

Caractéristique notable : adaptable à l’infini, c’est-à-dire devant se conformer au temps de l’autre, à savoir le temps de soi-même (voir ci-dessous)

Son temps à soi

Caractéristique remarquable : variable pour chacun, en fonction du moment. En effet, certains n’ont pas le temps pendant que d’autres ont tout leur temps pour vous faire attendre. Allez comprendre…

Le temps de la décision

Caractéristique paradoxale : de plus en plus souvent oublié, il en devient de plus en plus long.

Le temps du changement

Caractéristique surprenante : se réduit à zéro dans l’esprit de ceux qui ont pris la décision du changement pour les autres mais peut prendre un certain temps, voire un temps certain pour ceux qui ont à vivre le changement décidé par d’autres.

Le temps de l’urgence

Entièrement galvaudé. Un vrai has been. Tout est urgent. Donc rien ne l’est plus.

Le temps des réunions

Particulièrement déconcertant, il semble n’avoir aucun coût…à moins que…

Ne devrait-on pas calculer en fin de chaque réunion le coût du temps passé ? (nombre de participants X salaire horaire X durée de la réunion). A comparer au nombre de fois où aura été prononcée la phrase « Nous ne disposons pas des ressources nécessaires », pendant la dite réunion.

Le temps qui se perd

cf. rubriques précédentes

Le temps en instantané

Le temps en discontinu, la négation même du temps. Quand on oublie d’où vient la décision et pour quoi on la prend.

Enfin n’oubliez pas, « Il n’est pas de problème dont le temps et l’absence de solution ne sauraient venir à bout ». (Henri Queuille)

 

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Billets d'humeur

L’incapacité se cacherait-elle derrière l’agilité ?

Tous agiles !

Tel est le nouveau mot d’ordre en entreprise.

Issue des méthodes agiles de développement de projet informatique, l’agilité d’entreprise fait florès et envahit la Toile d’articles sur le sujet. Si vous y avez échappé ou si le sujet ne vous paraît pas si limpide que cela, vous pourrez découvrir avec intérêt les fondements de l’agilité d’entreprise parmi lesquels l’adaptation au changement, le mode collaboratif, le droit à l’erreur ou encore procéder par itérations.

On ne peut que se féliciter de cette recherche d’agilité. Cependant, au quotidien, loin des beaux principes il y a la réalité de la pratique. Sous couvert d’agilité, on fait et refait, refait et fait refaire sans souci du coût de ces itérations. Certes, faire et défaire est consubstantiel du travail en entreprise mais parfois le doute s’installe sur la légitimité de cette pratique de plus en plus courante.

L’agilité comme subterfuge ?

L’observation attentive (1) et distanciée de la pratique de ces itérations, refaits et refaits montre souvent qu’ils auraient pu être évités si le résultat avait été pensé – je dirais conçu et voulu – le chemin pour y arriver anticipé et pensé de bout en bout.

Les itérations introduites dans les méthodes agiles de conduite de projet informatique avaient pour but d’éviter les longs tunnels de développement informatique et leurs résultats ne correspondant pas toujours aux attentes des protagonistes. Aujourd’hui, les tests et itérations semblent compris par certains non seulement comme un droit à l’erreur mais aussi une autorisation à ne pas penser, ne pas anticiper et ne pas prendre en compte coûts et délais, surtout quand il s’agit de ceux des autres.

Agilité ou souplesse ne sont pas synonymes d’invertébration.

L’agilité et le droit à l’erreur ne doivent pas servir de subterfuges à une forme d’incapacité à faire bien du premier coup faute de réflexion, d’anticipation, d’organisation et de volonté.

Agilité

(1) Mon observation porte sur des exemples pris dans des grandes entreprises du secteur tertiaire. Le phénomène est probablement moins marqué dans l’industrie où la réalité « matérielle » de la production viendrait vite rattraper les dérives de l’agilité. Je veux croire que pour construire un pont ou faire du pain on continue de penser, vouloir, anticiper, organiser…et qu’on veille à réussir du premier coup !

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Billets d'humeur

Est-ce ainsi que les Hommes travaillent ? En entreprise, une façon de travailler parfois déconcertante…

façon de travailler

Rentrée oblige, 2 petits exercices pour contrôler les compétences acquises sur la façon de travailler en entreprise !

Thème : vous et la façon de travailler de vos collègues

Exercice ° 1

Contexte : mise en oeuvre de changements organisationnels avec ressources de l’équipe projet limitées pour ne pas dire rares ainsi que des très fortes contraintes de délais.

Observation : forte propension des ressources en place à refaire et refaire et refaire sans souci de l’impact de cette façon de travailler sur les coûts et les délais.

Conduite à tenir (choisissez la ou les bonnes réponses) :

  1. Ne pas se faire remarquer et se fondre dans la masse pour s’aligner sur la façon de travailler ambiante : refaire et refaire, sans souci des surcoûts et des délais.
  2. Essayer de faire bien du premier coup en intégrant les contraintes de coûts et délais mais attention on ne vous laissera pas faire car pour d’autres il est essentiel de refaire et refaire….de façon à remplir sa journée.
  3. Trouver une façon de faire qui fasse avancer les choses dans l’intérêt général, sans s’appesantir sur tout ce qui pourrait être fait…mais ne l’est pas parce que l’efficience ne semble pas à l’ordre du jour.
  4. Fuir !
  5. Rester parce que quand vous essayez d’imaginer ce qui se passerait si vous n’étiez pas là (et personne pour vous remplacer)….eh bien….ça vous procure un sentiment d’utilité !

 

Exercice n° 2

Contexte : on fait appel à vous pour votre créativité dans votre domaine d’expertise mais…

Observation : …quand vous proposez des solutions innovantes dans votre domaine d’expertise, on vous dit bravo dans un premier temps puis on range gentiment dans le tiroir vos idées et on continue de faire comme avant. Surtout, pas de changement. Ne pas faire ce qu’on a jamais fait semble être la loi fondamentale de la façon de travailler.

Conduite à tenir (choisissez la ou les bonnes réponses) :

  1. Laisser tomber parce que l’acharnement thérapeutique c’est pas votre truc !
  2. Laisser tomber parce que vous faites partie de la génération Y et que cette façon de travailler vous la trouvez pas fun du tout !
  3. Noter scrupuleusement toutes les propositions faites et abandonnées en se disant que peut-être un jour elles seront utiles à quelqu’un…Rêvons un peu.
  4. Accepter que votre rôle soit de proposer des idées innovantes qui ne seront pas mises en oeuvre et qu’en faisant cela vous faites ce que l’on attend de vous.
  5. Ré-écouter Ferré chantant « Est-ce ainsi que les hommes vivent ?« … »et leurs désirs au loin les suivent »… »c’était un temps déraisonnable »… »Moi si j’y tenais mal mon rôle c’était de n’y comprendre rien« .

N’hésitez pas à partager vos réponses sur le blog !

PS : aucun corrigé prévu ! 😉

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Billets d'humeur

Un an déjà !

Repères sur le changement en entreprise fête ses 42 billets publiés en 52 semaines.

En ce moment, dans mon quotidien de consultant en conduite du changement, je m’inspire de la devise de Michel Rocard « Penser clair, parler vrai, agir juste ». Une devise bien utile à tout manager, responsable de projet ou consultant. Mais à quel métier, quelle fonction  cette devise ne s’appliquerait-elle pas ? 😉

Autre source de réflexion ce propos de Régis Debray sur la civilisation occidentale contemporaine qui pense essentiellement en termes de capacité mais plus ou si peu en termes de volonté.

Il est vrai que la capacité ne fait pas tout et qu’une volonté bien fondée, bien placée pourra pallier un manque de capacité alors qu’une absence de volonté ne sera jamais comblée par une capacité illimitée. A ceux qui ne raisonnent qu’en « ressources », « dispos » ou autre « CAF » (Capacité A Faire) je réponds donc « Où est la volonté de faire ? ». Où est le penser clair ?

Il ne s’agit pas de faire fi des besoins en ressources mais de ne pas perdre de vue que les capacités sans volonté ne font guère sens et perdent terriblement en efficacité.

Un media fort réputé titrait récemment « Le temps des vacances, un temps pour s’arrêter…et réfléchir ». La réflexion est donc associée à « l’arrêt ». Bizarre…Je comprends bien qu’il s’agit d’un arrêt de l’action le temps des vacances mais pour autant ce n’est pas quand on s’arrête qu’il s’agit de commencer à  réfléchir. Et j’en reviens à la devise de Michel Rocard. Certes il est sage de penser (clair) avant de parler (vrai) puis agir (juste) mais ces actions que sont penser, parler et agir sont tellement liées ! N’en oublions pas une au profit excessif de l’autre.

Et maintenant je souffle la première bougie de ce blog !

Le Grand Orchestre des Animaux

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La gestion des projets complexes

Projets complexes : adopter la stratégie du projet latéral

L’ouvrage « La stratégie du projet latéral – Comment réussir le changement quand les forces politiques et sociales doutent ou s’y opposent » propose de créer un projet dit latéral, voire plusieurs, pour pouvoir mener à terme le changement. Si le projet tel qu’envisagé initialement par le demandeur « ne passe pas » auprès des acteurs concernés, il faut le redéfinir en un ou plusieurs projets dits « latéraux » qui pourront rencontrer un écho favorable parmi les acteurs concernés parce que correspondant à leurs objectifs et apportant des solutions à leurs préoccupations.

Largement inspiré de la sociodynamique, l’ouvrage s’appuie ainsi sur les travaux de Jean-Christophe Fauvet mais aussi Eric Berne (analyse transactionnelle), Edouard de Bono (la pensée latérale, les six chapeaux), René Girard et Michel Crozier.

 

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« Le chemin est long du projet à la chose » (Molière, Tartuffe)

La complexité d’un projet peut être technique ou relationnelle. Ou les deux ! Par projet complexe, Olivier d’Herbemont et Bruno César entendent un projet qui présente une complexité relationnelle : opposants nombreux, peu d’alliés, mauvaise mobilisation des alliés…

Une sélection de points à retenir

Projet et problème

Les auteurs observent une tendance fâcheuse à réduire le projet à l’exposé d’un problème ou de sa « solution » alors qu’un projet devrait être l’expression d’une vision faite pour donner envie. Nombre de projets, que ce soit en entreprise ou dans le domaine public, reflètent une approche consistant à se débarrasser d’un problème sans pour autant qu’il y ait pro-jet.

Les mots-clés de la gestion de projet

Trois mots : objectif, actions, acteurs.

Le champ des acteurs

Deux conseils à l’usage des chefs de projet : ne pas se laisser imposer des acteurs par habitude et ne pas oublier que « là où l’on regarde », souvent par habitude ne recouvre pas forcément « ce qu’il faudrait explorer » pour trouver les acteurs pertinents.

Résistance au projet

Accepter que :
– un peu d’antagonisme ne nuit pas au projet !
– les meilleurs alliés ne sont pas des bénis oui-oui mais des acteurs capables de critiquer et de prendre des initiatives pour le projet !

Les dérapages comportementaux

Tout participant à un projet a déjà pu observer les dérapages comportementaux qui jalonnent la route d’un projet. Ces dérapages réduisent le champ intellectuel (mauvaise analyse, réflexion, prise de décision) et augmentent la violence. Face à ces dérapages comportementaux, le chef de projet devra veiller à comprendre ce qui se passe et assurer une présence rassurante, « aidante ».

Activité et projet

Quand on manage une activité, un service on peut parfois se dire « Je ne vais plus rien faire et vais voir si ma boutique continue à tourner » et cette approche est parfois très pertinente. Quand on pilote un projet, n’y pensez pas, ça ne marche pas ! Si le chef de projet ne fait rien, le projet ne tourne pas. D’ailleurs on ne lui demande pas de « tourner » mais d’avancer.

Réussite du projet

Les auteurs affirment que la réussite d’un projet est la somme des énergies des acteurs qui ont su s’organiser pour agir ensemble. Pour le chef de projet, il s’agit donc d’identifier les alliés du projet, les structurer et les faire agir ensemble, de concert.

 

projets complexes

 

Attention au clonage faussement rassurant !

Les auteurs de La stratégie du projet latéral l’expriment fort bien :

L’expérience des projets complexes nous amène à constater que moins nous connaissons les sujets au départ, meilleur sera notre travail. A l’inverse, si nous connaissons bien un domaine, nous nous retrouvons dans l’obligation de défendre une position et de croire que c’est la bonne.

Incertitude et gestion de projet

Pour gérer l’incertitude, une grille pratique : classer les événements qui relèvent de la responsabilité du chef de projet, événements prévisionnels et non prévisionnels et ceux qui ne sont pas directement issus du projet, qu’ils soient prévisionnels ou pas.

Petits changements ou grand changement ?

Entre plusieurs petits changements échelonnés dans le temps et un gros changement à un instant donné, il faut privilégier le second choix. Cinq raisons à ce choix : économie, visibilité par les acteurs, sacralisation, fonctionnement systémique et effet de cliquet.

Le projet latéral

Plus qu’une démarche, le projet latéral est un état d’esprit à garder tout au long du projet, en respectant 5 principes :
– Tenir compte de l’irrationnel (en utilisant la grille VUE – Valeurs Utilités Envies)
– Ne pas respecter impérativement le temps mais respecter la synchronisation
– Oser la rupture
– Faire écrire le projet latéral par ses alliés
– Passer de la sanction au bénéfice mérité.

Les auteurs proposent d’utiliser la démarche de médiation-révélation en 5 étapes, basée sur la stratégie des alliés, pour élaborer les projets latéraux nécessaires :
1) Identifier sur un terrain donné les hésitants et triangles d’or.
2) Faire la tournée des popotes
3) Construire un projet latéral adapté aux personnes rencontrées
4) Inviter les alliés rencontrés à se réunir pour écouter la synthèse des entretiens réalisée par le médiateur. Révéler le projet latéral.
5) Accompagner l’équipe en l’aidant à réaliser son projet latéral.

Recommencer sur un nouveau domaine…jusqu’à couvrir l’ensemble des domaines du projet.

La relation aidante doit permettre de développer la dynamique du projet latéral :
– Aider les alliés à agir
– Aider à se mettre d’accord (scénarios)
– Aider à structurer son action dans le temps
– Aider à matérialiser la situation future (chrono-budget et chrono-planning).

Les éléments cités ici ne s’appliquent pas seulement aux projets complexes mais s’avèrent utiles à tout projet de changement…même ceux ne nécessitant pas de créer un projet latéral.

 

 

 

 

 

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Comprendre le changement

Les changements de la langue écrite : le langage digital

Le langage digital, un nouveau langage ?

« Le langage, l’entreprise et le digital », titre du dernier ouvrage de Jeanne Bordeau, fondatrice de l’Institut de la qualité de l’expression nous invite à réfléchir sur les changements de la langue de l’entreprise induits par le digital. langage digital

Un changement de paradigme

A ceux – il en reste – qui croient qu’Internet n’est qu’un changement de technologie, Jeanne Bordeau montre que l’arrivée du digital est un changement de paradigme. L’entreprise ou les marques ne peuvent plus communiquer comme avant l’avènement du numérique. Le fact-checking (vérification par les faits rendue plus facile et rapide par l’usage d’internet) impose une cohérence de langage difficile à atteindre pour les marques. Finie la langue déclarative des années 90. Le consomm’acteur veut des arguments, des preuves, des exemples. Le consomm’acteur a le pouvoir de dialoguer avec la marque, sans oublier que 82% des consommateurs prennent en compte ou au moins lisent les avis des internautes.

langage digital
Jeanne Bordeau

L’image avant le mot ? L’émotion avant tout ?

La communication digitale semble inévitablement relever de story telling, émotion, rêve, projection, mode ludique, humour…L’image y a une place prédominante même si parfois on ne sait plus trop si l’on veut désigner par là « image » (imago) ou métaphore…

Jeanne Bordeau alerte : « Amoureuse du français et militante de la qualité d’expression, je m’inquiète face à une logorrhée 3.0 insipide et désincarnée. On n’automatise pas l’échange entre les hommes. »

Les dangers de l’écriture digitale

. La dictature de l’urgence, au détriment de la fiabilité. Dans le monde du digital tout est publié sans « bon à tirer ». On peut cependant objecter à l’auteur le rôle des modérateurs.

. L’infobésité. Il est amusant de constater qu’au fil des pages du livre, le nombre de tweets à la minute augmente. 277 000 sur une page, 350 000 sur une autre. Plaisanterie mise à part, chacun ou presque subit au quotidien l’infobésité, tout en étant parfois victime du FOMO (Fear Of Missing Out).

. Le manichéisme. « Où maniera t-on la qualité, le subtil, la nuance ? » s’inquiète Jeanne Bordeau.

Ne pas perdre le nord

Dans ce tourbillon digital, il est donc essentiel de garder la tête froide, retrouver son étoile polaire et éviter d’écrire à côté de sa pensée ! Avoir le courage d’admettre que se distinguer de ses concurrents ce n’est pas être extravagant ni toujours chercher à être dans la disruption.

Les non spécialistes de la communication, dont je suis, se diront que cela semble relever du bon sens et que le digital ne fait peut-être que rendre plus visibles des travers de la communication d’entreprise qui étaient déjà présents, avant l’avènement du digital.

Et la dircom dans tout ça ?

La communication digitale crée de nombreux changements pour les métiers de la communication au sein de l’entreprise. Chacun (marketing, digital, relations clients, affaires publiques) est désormais susceptible de communiquer, la communication n’est plus l’apanage de la direction de la communication qui voit son rôle évoluer vers une nouvelle transversalité entre les différentes directions de l’entreprise.

Les mots empowerment ou capacitation, expérience, do-gooding, désilotage, data-acceleration, green branding, licorne, marketing prédictif ou mobile mindshift vous sont encore étrangers ? L’été approche alors n’oubliez pas vos devoirs de vacances sur le langage digital !

Illustration pour langage digital
Pensées pour le langage digital
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Contribuer au changement

Lean management : tout un roman ! Le Gold Mine, un récit lean

Illustration pour lean management

 

Le Gold Mine

Sur les conseils de Marc Legru, Lean coach chez Operae Partners, j’ai lu le livre Le Gold Mine écrit par Freddy Ballé et Michael Ballé. Un roman – oui ! – sur le lean management. Un récit lean. Il semble être de bon ton aujourd’hui de critiquer le lean mais ce que j’entends de certaines pratiques, dérives ? du lean ne ressemble guère à ce qui est expliqué dans le livre Le Gold Mine.

Je ne reprends pas ici les principes du lean développés dans le livre mais m’autorise à une sélection de ce qui m’a le plus intéressé dans Le Gold Mine qui nous fait découvrir de façon très concrète le lean management, puisqu’il s’agit du récit d’une entreprise au bord du gouffre dont le responsable ne sait plus quoi faire pour redresser la situation et demande l’aide d’un retraité, grand praticien du lean, lui-même formé par des Japonais.

Ceux qui habiteraient sur une planète où le lean n’est jamais mentionné dans les conversations sur le monde du travail sont invités à lire mon billet SPOC Initiation au Lean Management.

Le lean est un voyage long et difficile

Adeptes du tout tout de suite s’abstenir. Même si la mise en place du lean permet des améliorations rapides, il ne s’inscrit pas dans le temps de l’instant, le temps court qui prédomine aujourd’hui mais dans une progression permanente, pas à pas appelée amélioration continue.

« Il y a de l’or entre les mains de ces gens »

Le regard posé sur le travail – dans le livre cité il s’agit du travail industriel – permet de retrouver le sens et la valeur produite par chaque geste, le plus « modeste » soit-il.

Elimination des sources de coûts

Les gains résultent de l’élimination des sources de coûts et non de la simple réduction des coûts, trop souvent appliquée à la hache et à la hâte.

Tout est une question de personne

« Ce n’est pas une question de carotte et de bâton, c’est une question d’appropriation. » « Il prend les gens au sérieux » déclare la jeune DRH de l’entreprise en parlant du praticien du lean qui vient aider l’entreprise pour la sortir de sa mauvaise passe. On est ici bien loin des critiques qui ont cours et vont jusqu’à associer lean et suicide. Le livre montre très bien le rôle clé des hommes dans la réussite de l’entreprise…et aussi ses difficultés !

Le lac et les rochers

Attention à ne pas laisser monter le niveau de l’eau (les stocks) car cela dissimule les rochers (inefficacités). Une jolie image japonaise utilisée en lean management pour nous rappeler que résoudre les problèmes demande de pouvoir les identifier correctement, puis de s’y attaquer avec une grande détermination. Les individus confrontés à n’importe quel problème ont tendance à s’arrêter à la première cause d’échec et à agir en conséquence, qu’elle soit ou non la cause racine.

Tiens au fait c’est peut-être ce que font ceux qui critiquent si aisément le lean non ? 😉

La globalité et la riche complexité du lean

« Les capacités peuvent être étendues à l’infini lorsque chacun commence à réfléchir. » Taiichi Ohno, le père du lean.

Je vous propose de terminer ce billet sur cette excellente nouvelle !

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Blog au repos…

Pas d’article cette semaine…mais à très bientôt pour de nouveaux billets sur le changement en entreprise  !

Les confidents de Michel Goulet, Palais-Royal
Les confidents de Michel Goulet, Palais-Royal
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Contribuer au changement

Et si la révolution française n’avait pas eu lieu

Musée Carnavalet

L’uchronie est-elle utilisable en entreprise ?

Le 2 avril dernier la mairie de Paris organisait la nuit des débats. Plus de 100 débats organisés dans la ville, sur des thèmes variés et tous intéressants. J’avais choisi d’assister au débat « Et si la révolution française n’avait pas eu lieu » au musée Carnavalet, curieuse de découvrir ce que pouvait bien être l’histoire contrefactuelle (technique du « et si tel événement n’avait pas eu lieu, que se serait-il passé ? ») ou uchronie. Enthousiasmée par cet atelier d’histoire partagée, j’ai eu envie de vous faire part de mes réflexions issues de ce débat et de voir si des transpositions étaient possibles dans le monde de l’entreprise, plus particulièrement pour y faciliter le changement.

Exemples d’histoire contrefactuelle :
  • Et si Hitler avait gagné la seconde guerre mondiale ?
  • Et si l’année 1 n’était pas l’année de naissance du Christ mais l’année de la passion du Christ ? (l’année 33 devient l’année 1)

L’atelier d’histoire partagée

Quentin Deluermoz et Pierre Singaravélou, auteurs de « Pour une histoire des possibles », avaient organisé le débat de la façon suivante : après une explication sur ce qu’est l’histoire contrefactuelle (technique utilisée également par les physiciens, par exemple) et ce qu’elle peut apporter (voir entretien avec ces deux historiens Imaginer d’autres fins possibles), le public était invité à réfléchir sur 4 cas successifs autour de la révolution française. Il s’agissait d’imaginer à la fois sérieusement mais de façon ludique ce qui aurait pu se passer si la fuite du roi avait réussi, la prise de Bastille passée inaperçue, etc. Etait également présente la professeur d’histoire Héloïse Bocher, auteur de « Démolir la Bastille ». Le public étant composé de non spécialistes, les historiens avaient eu la prudence de nous rappeler les grandes dates de la révolution française.

Les historiens qui organisaient un tel atelier pour la deuxième fois nous ont fait part à la fin du débat de leur satisfaction quant à la richesse des réponses apportées par le public. Pour ma part, les historiens m’ont paru être excellents dans leur rôle d’animateurs d’un tel atelier. L’interactivité entre public et animateurs était de grande qualité.

La nuit des débats

Libérer de l’intelligence

Sans être experts, les participants ont pu participer à la construction de raisonnements. Les réponses ne nécessitaient pas de se positionner « pour » ou « contre », comme dans un débat traditionnel. Les questions posées nécessitaient un minimum de connaissances mais surtout de faire appel à son imagination, ses croyances et son courage.

Courage

Pour répondre à la question « Selon vous, que se serait-il passé si le roi était revenu à la tête d’une armée ? » il faut avoir le courage de dire en public quelque chose qui n’a pas d’existence, qui ne peut pas avoir déjà été approuvé par une autorité établie. Il faut « se lancer ». Il ne s’agit pas de répéter en public ses connaissances ou de proclamer haut et fort ses opinions mais de faire un saut dans l’inconnu.

Le courage était aussi du côté des animateurs, historiens et professeurs, qui n’étaient pas là pour briller de l’exposé de leurs expertises face à un public non spécialiste mais qui acceptaient de prendre le risque de faire un flop face à un public inconnu qui aurait refusé de participer ou de « jouer le jeu ».

Imagination

Cette technique nous fait « sortir », construire des idées auxquelles nous n’avions jamais pensé ! Et ce sur un mode ludique. Idéal pour casser les déterminismes et les paresses de l’esprit.

Lors du premier cas « Et si le roi était revenu avec une armée », les premières minutes de réflexion ne sont pas « évidentes ». J’ai observé que les premiers à prendre la parole ne répondaient pas à la question mais posaient des questions aux historiens puis, petit à petit, le public a pu véritablement répondre à cette question a priori si déconcertante. Certains imaginant ce qui se passait tout de suite après le retour du roi, d’autres s’exclamaient « Il n’y aurait pas eu Napoléon ! » d’autres encore imaginaient l’impact sur les discours politiques français actuels…

Croyances

Les réponses apportées font appel aux connaissances et aussi à nos propres croyances. Au lieu d’être présentées, voire pensées comme des vérités nos croyances sont alors exprimées pour ce qu’elles sont puisque ce que nous disons n’a pas de réalité historique. C’est un bon exercice de lucidité, d’humilité et de connaissance de soi !

L’absence de consensus n’est pas un échec, au contraire 

Dans cet exercice d’histoire contrefactuelle, l’absence de consensus n’appauvrit en rien le résultat. Au contraire, la diversité des réponses permet de mieux voir le champ des possibles. Tout le monde ne se rue pas sur une solution, en général celle qui paraît la plus réaliste, économique, facile à mettre en oeuvre. Toutes les possibilités ont droit de parole. La réussite de l’exercice ne tient pas à l’accord obtenu sur LA solution mais bien à la richesse des possibles obtenus qui peuvent chacun être conservé, « validé ».

Les participants expriment des idées, des opinions différentes mais ne s’opposent pas entre eux. Je crois que le fait que chacun ait conscience d’exprimer quelque chose qui n’a pas eu lieu permet cette absence d’opposition stérile.

Quelles transpositions pour l’entreprise ?

J’imagine des transpositions possibles lors de séminaires d’entreprise, de formations ou de groupes de travail pour faciliter :
– le changement d’opinion, ce que l’entreprise pense d’elle-même
– le besoin de « faire bouger les lignes »
– la créativité.

« Et si le smartphone avait fait un flop auprès des consommateurs ? »

« Et si la fusion avec X n’avait pas eu lieu il y a 3 ans ? »

 » Et si l’ERP lambda n’avait pas été mis en place en 2012 ? »

Alors, que cela vous inspire t-il ? A vous !

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Pour changer, un dauphin d’avril !


 

Pour les timides : n’hésitez pas à chatouiller le dauphin avec votre souris (électronique !)…

Ce nuage de mots a été créé à partir des titres et sous-titres des billets du blog du mois de mars.