Seuls les changements menés avec brutalité seraient capables de transformer profondément notre société. Cette idée semble gagner du terrain parmi les décisionnaires du monde politique et pourrait se propager à celui de l’entreprise…On pense à la « tronçonneuse » d’un certain président argentin, symbole de coupures drastiques et spectaculaires, ou encore à la communication provocante et déstabilisante de l’homme le plus riche du monde.
Ces approches séduisent certains esprits, certes mais ne risquent-elles pas d’induire dans les cerveaux que la profondeur d’un changement se mesure à la brutalité de son exécution ? La brutalité serait-elle nécessaire pour mener un changement profond ?
Je crois que non.
Pour initier le changement il est certes indispensable de mobiliser les esprits en montrant l’urgence à faire (cf. Kotter) ou le risque à ne pas faire. En revanche, pour décider du changement, il est dangereux que celui qui a le pouvoir choisisse la tronçonneuse s’il veut des résultats durables et qui n’aient pas d’effets secondaires (conséquences inattendues, résistances profondes, fractures rendant la coopération impossible) plus nocifs que le remède initial apporté. Je ne cite pas d’exemples douloureux, chacun en a en tête…
La véritable audace ne réside pas dans le spectaculaire, mais dans la capacité à :
- maintenir le cap malgré les pressions.
- embarquer les parties prenantes plutôt que les braquer.
- créer les conditions d’une transformation durable.
- gérer la complexité plutôt que la nier.
La brutalité peut sembler être une solution rapide, mais elle est souvent trompeuse. Un changement véritablement radical et durable repose sur des fondations solides, construites par le respect, l’écoute, la collaboration et les intérêts mutuels bien compris. Plutôt que de brandir la tronçonneuse, choisissons d’outiller nos entreprises avec des méthodes qui favorisent l’adaptabilité et l’ancrage du changement.
Et vous, quelles sont vos réflexions sur les façons de mener le changement ?