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Billets d'humeur Guide des égarés en entreprise

Ah ! Les livres de management…

Des livres de management

Il y en a de bons, d’utiles. Et puis…il y a les autres. Les livres de management présentés comme porteurs de changement de paradigme et qui s’avèrent particulièrement creux.

Si on plaint les auteurs de devoir se plier aux formats des collections imposés par les éditeurs on leur en veut un peu de ressentir déception, voire colère après avoir lu un livre de management empli de banalités, dépourvu de réflexion profonde, sans  originalité, pauvre en analyse, se contentant d’aligner propos futiles ou facilement consensuels.

J’attends d’un livre de management qu’il m’apprenne, me fasse réfléchir, m’aide dans mon activité professionnelle, me serve de repère. Le fait qu’il soit présenté comme un succès de librairie ne suffit pas à me convaincre qu’il s’agit d’un chef d’oeuvre ! Je cherche à me faire ma propre opinion, il me semble que cela relève de mon « travail » de lecteur.  Alors, parfois, la déception et l’agacement sont au rendez-vous.

Illustration sur livres de management

Des exemples ? Voici les miens. Je vous laisse deviner de quels succès de librairie, dans la rubrique livres de management, il retourne.

Chiens, chats et prière

Dans un livre de management vendu à 100 000 exemplaires, traduit dans de nombreuses langues (si j’en crois les propos de l’éditeur), je lis que la solution miracle pour des réunions efficaces consiste à faire venir des chiens ou des chats (peut-être pas les deux en même temps) dans les salles de réunions. Pourquoi pas ? Mais de là à présenter la présence d’animaux sympathiques comme la solution pour des réunions efficaces…il y a un pas que le lecteur critique ne franchira pas.

Dans ce même livre, l’auteur invite à la possibilité de moments de prière sur le lieu de travail. Sans autre analyse critique.

Je fais partie des lecteurs qui attendent de l’auteur qu’il démontre en quoi son propos apporte véritablement une amélioration au problème traité, pas qu’il affirme sans autre analyse critique.

Le verre à moitié plein

Lors de la présentation de leur livre, les co-auteurs se félicitent que leur enquête ait permis de déceler dans les structures étudiées un point très positif : « L’individu prévaut sur la structure et les processus. »

Derrière la phrase « L’individu prévaut sur la structure et les processus » certaines personnes interviewées lors de cette étude ne cherchent-elles pas à exprimer – aussi – , avec pudeur, que la règle n’est pas la même pour tous et que les passe-droits s’exercent régulièrement. De cela, les auteurs ne disent rien. Ce qui ne peut satisfaire le lecteur attentif à une analyse rigoureuse et exhaustive. Et explicite.

Ces mêmes auteurs se réjouissent que les personnes interviewées disent de leurs organisations « Le chef décide mais on peut revenir dessus. » Cette souplesse, pour positive qu’elle puisse être, mériterait aussi d’être abordée sous l’angle : difficulté à faire appliquer, à mettre en oeuvre une décision du chef. La décision du chef peut rester lettre morte. Quid donc de la règle dans cette structure et de sa capacité à mettre en oeuvre une décision avec efficacité et rapidité ?

Depuis cette première présentation de leur ouvrage, j’ai eu l’occasion d’entendre à nouveau un des auteurs, cette fois-ci dans le cadre du Salon du Livre. Son propos m’a paru plus nuancé…

N’hésitez pas à partager vos exemples en laissant un commentaire sur le blog !

illustration pour billet livres de management

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Piloter le changement

Révolution numérique et conduite du changement

La révolution numérique remet-elle en cause notre façon de conduire le changement ?

Ce billet m’a été inspiré par une récente conférence sur l’avenir du travail et la révolution numérique, organisée par le G9+ et réunissant des orateurs tels que Yves Caseau, CDO du groupe Axa ou Jean-Marc Daniel, professeur d’économie à ESCP Europe.

Encore plus que la globalisation, la révolution numérique est LE changement qui porte en lui le plus d’inconnues dans ses conséquences, potentialités et déclinaisons, nous entraînant ainsi dans « les convulsions de l’inquiétude », pour reprendre les termes de Voltaire dans son conte Candide ou l’optimisme.

Au niveau macro, la révolution numérique aurait deux principales conséquences :

  1. Un changement profond de l’organisation du travail, avec la fin du salariat comme mode d’organisation principal et la généralisation du statut de freelance, auto-entrepreneur, indépendant…
    C’est peut-être une façon « pudique » de dire la suppression d’emplois et le besoin de nouvelles compétences, sans que ces nouvelles compétences fassent l’objet d’emplois (salariés) mais soient sollicitées sur des projets et missions (hors salariat).
  2. Un accroissement de la concurrence, conduisant à une baisse des prix.

En écoutant cette conférence, je me demandais si piloter un changement relevant de la numérisation, au sein d’une entreprise, pouvait conduire à revoir la méthodologie de conduite du changement. Autrement dit, la révolution numérique a t-elle aussi un impact sur la conduite du changement en entreprise ? La révoution numérique conduit-elle à des spécificités dans la conduite du changement ?

Je n’ai pas la réponse mais la question, me semble t-il, mérite d’être posée et de prendre le temps d’y réfléchir. Qu’en pensez-vous ?

 

Illustration pour billet conduite du changement et révolution numérique

Les spécifités du changement numérique entraînent-elles des modifications de la conduite du changement ?

Les projets de numérisation amènent à réorganiser le travail, c’est-à-dire touchent à l’emploi et aux compétences, soulevant ainsi une forte inquiétude auprès des individus. Cette caractéristique de la révolution numérique mérite d’être pensée par ceux en charge de conduire le changement en entreprise. Comment les CDO et leurs équipes intégrent-elles cette dimension dans leur conduite du changement ?

La révolution numérique introduit une très forte incertitude en entreprise où le changement devient permanent. De la multitude des initiatives en matière de numérique doit émerger une vision partagée. Le changement permanent ne doit pas être un prétexte pour faire l’économie d’une vision d’ensemble structurée, articulée. On peut même dire que plus l’incertitude est grande, plus le besoin de sens est fort chez les individus. Comme l’écrit Norbert Girard, secrétaire général de l’Observatoire de l’évolution des métiers de l’assurance, « C’est au moment où la possibilité de prévoir est la plus faible que la nécessité pour les collaborateurs de pouvoir se situer dans la cohérence d’un projet est la plus élevée  » (article paru dans Futuribles, mars-avril 2017)

Les personnes en charge de la conduite du changement en entreprise doivent également être attentives au risque « d’obnubilation » (j’emprunte le terme au domaine médical) de la dimension technologique de la révolution numérique. Bien gérer la mise en place de chatbots est une chose mais la conduite du changement doit aussi traiter le changement consistant à remplacer des humains par des bots en laissant aux humains l’éventuel rôle de relecteur/valideur d’un texte rédigé par un outil d’IA.

Ce billet n’est qu’une ébauche, je souhaite le compléter par d’autres articles à venir.

Et vous, quel est votre avis ? Pensez-vous que la conduite du changement mérite d’être revue dans son approche, à l’aune des spécificités de la révolution numérique ?

 

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Billets d'humeur

Recette pour une séance de travail réussie

Séance de travail réussie : objectif atteint dans une ambiance agréable

La recette du mois

Plat convivial au goût inimitable

A consommer sans modération

Moins compliqué qu’il n’y paraît

Excellent rapport qualité/prix

Temps de préparation : variable suivant l’expérience de l’animateur de la séance de travail

Temps de cuisson : fonction de l’alchimie créée entre les participants, l’animateur servant de catalyseur

Illustration pour séance de travail réussie

 

Ingrédients :

  • Compétence
  • Confiance en soi
  • Ecoute (veillez à utiliser une écoute de qualité)
  • Un zeste d’ouverture
  • Une pincée d’enthousiasme
  • Un soupçon de générosité
  • En option : une pointe d’humour

Préparation de la recette :

Eloigner du plan de travail peur de la critique, de l’autre.

Ajouter chacun des ingrédients, en veillant à ce que chacun trouve la place qui lui convient.

Le tour de main indispensable au succès de la recette : coopérer, partager et conseiller, tout au long de la séance de travail.

Incorporer délicatement une orientation production, résultat avec le soin d’atteindre l’objectif.

Servez de préférence avec en-vie.

Et maintenant savourez !

N’hésitez pas à partager vos recettes en laissant vos commentaires sur le blog ! Recette de réunion où l’on ne s’ennuie pas, journée de travail épanouissante, réunion constructive, mail clair et utile, communication sereine, gestion du temps apaisée, etc.

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Commençons bien l’année avec la CNV au travail !

Quid de la Communication Non Violente au travail ?

Après un premier article sur la Communication Non Violente (CNV) je vous propose un billet sur la CNV au travail.
Si vous êtes en permanance satisfait de votre communication et de celles de vos collègues et hiérarchiques, inutile de perdre votre temps à lire cet article.
Si vous avez envie de tenter autre chose pour améliorer vos échanges au travail, alors prenez le temps de découvrir la Communication Non Violente.

Une utopie ?

La CNV met la barre haut. Et c’est tant mieux ! Le jeu en vaut bien la chandelle !

Responsable de ses sentiments

Pratiquer la CNV, au travail ou dans sa sphère privée, suppose de croire que je suis responsable de l’intention avec laquelle je m’exprime. De même, je suis responsable de mes sentiments. La CNV distingue les stimuli reçus des sentiments générés. Un même stimulus (un RV qui arrive en retard sans avoir prévenu de son retard) va générer des sentiments différents d’une personne à l’autre (exaspération, indifférence voire soulagement). Nos sentiments ne sont pas causés par ce que l’autre a fait ou dit mais par nos propres besoins. Le stimulus n’est pas la cause de ce qui se passe en moi. Avec la CNV, plus possible de se cacher derrière le c’est la faute à l’autre.

Ne pas vouloir avoir raison

Plutôt que de dépenser notre énergie au jeu du qui a tort et qui a raison, à qui la faute, la CNV nous propose de tenter de nous relier à nos besoins, à ceux des autres et de formuler des demandes pour rendre la vie plus belle, ici et maintenant !

 

Enfin, pratiquer la CNV suppose d’arrêter de croire que la seule manière d’être entendu c’est que l’autre soit d’accord avec moi.

Pas évident hein ? La CNV est un vrai changement de posture, qui exige un entraînement au quotidien. Notre éducation, les façons de faire en entreprise sont très loin des principes de la CNV, nous devons donc nous déshabituer de nos réflexes (pensées sous forme d’évaluations et jugements) pour en acquérir d’autres (communiquer suivant le processus en 4 étapes : observation, sentiment, besoin, demande).

Des spécificités pour la CNV au travail ? Des incompatibilités ?

La CNV au travail est-elle incompatible avec l’usage immodéré du mail en entreprise ? Il s’agit plutôt de porter une vigilance accrue à l’utilisation du mail : on ne résout pas un conflit par mail. Si vous sentez que « la moutarde monte » après un échange de 3 mails, arrêtez et essayez de rencontrer votre interlocuteur ou appelez-le.
Quant aux mails qui vous font chaud au coeur, regroupez les dans un dossier et relisez les quand vous avez besoin de vous ressourcer.

La CNV au travail est-elle incompatible avec la gestion du temps (le tout urgent, l’instantanéité) en entreprise ? Bonne nouvelle ! L’écoute empathique contribue à un ralentissement du dialogue, à moins de pression et plus d’écoute mutuelle. Certes, en réunion, où vous vous sentez seul(e) contre tous, ce n’est pas simple…

La CNV au travail est-elle incompatible avec le pouvoir hiérarchique ? Encore une bonne nouvelle ! Non, pas du tout. A condition de ne pas vouloir avoir raison pour avoir raison (cf début de l’article).

Pour bien commencer l’année

C’est le premier pas qui compte, dit-on. Alors pourquoi pas commencer à s’autoriser à demander une pause de silence quand la réunion se fait trop brouillonne ? Ou commencer vos comités par un tour de table invitant chacun à exprimer sa météo intérieure et son intention pour la réunion. Ou encore vous interroger sur vos besoins mis à mal quand un propos vous blesse. Ou lire un livre sur la CNV…

Pour terminer, deux questions pour vous :

  1. Aviez-vous déjà entendu parler de CNV en entreprise ?
  2. La CNV est-elle inscrite au plan formation de votre entreprise ?

Cet article m’a été très largement inspiré par l’ouvrage de Françoise Keller, « Pratiquer la CNV au travail », InterEditions, avec une belle et inspirante préface de Thomas d’Ansembourg.

Illustration article CNV au travail
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Meilleurs voeux pour 2017 !

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Beaucoup de changements en perspective pour cette année à venir ! Alors restons sereins, solides, ouverts, le coeur confiant, exigeants, ambitieux, curieux et courageux. Bref, tenons-nous prêts ! Prêts à accueillir tout ce qui se présentera sur notre chemin…

Bonne année 2017 à tous !

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La communication non violente

S’il ne vous arrive jamais de recevoir des messages que vous percevez comme violents ou si vous êtes constamment satisfaits de votre communication vis-à-vis de vos collègues, vos amis ou votre famille vous pouvez arrêter votre lecture ici. Cet article n’est pas pour vous ! 😉

Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs)

Pour tenter de terminer cette année en beauté je vous propose de découvrir ou partager mon enthousiasme pour la communication non violente, telle que conçue dans les années 60 par Marshall B. Rosenberg, psychologue américain, décédé en 2015.

Le livre « Les mots sont des fenêtres » – Initiation à la Communication Non Violente – m’a permis de prendre conscience de ma propre violence dans ma communication, de mettre une grille d’analyse sur ce que je percevais comme violence dans la communication des autres à mon égard et enfin m’a donné les clés pour sortir d’un mode de communication qui peut très vite conduire à des blocages, des irritations, des conflits…

Le principe de la communication non violente est remarquablement expliqué dans le livre « Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs) ». Le principe est simple à énoncer mais bigrement difficile à mettre réellement en oeuvre, tant notre éducation et notre façon de communiquer sont fondamentalement différents de la communication non violente.

De quoi s’agit-il ?

Il s’agit d’un processus en 4 étapes :
– observation. J’observe un comportement qui affecte mon bien-être.
– sentiments. Je réagis à ce comportement par un sentiment.
– besoins. Je cerne les désirs, besoins ou valeurs qui sont à l’origine de ce sentiment.
– demande. Je demande à l’aurtre des actions concrètes qui contribueront à mon bien-être.

Processus qui s’applique quand je parle mais aussi quand l’autre parle. En CNV, il s’agit d’identifier derrière les propos de l’autre, aussi agressifs soient-ils, ses besoins et sa demande.

Exemples, tiré du livre de Marshall Rosenberg :

  • Dire « Tu travailles trop » n’est pas l’expression d’une observation mais d’une évaluation, d’un jugement. L’observation aurait pu être « Tu travailles plus de 60 heures par semaine. »
  • Dire « Je sens que j’ai envie de te taper dessus » n’est pas l’expression d’un sentiment mais de ce que l’on a envie de faire. L’expression du sentiment aurait pu être « Je suis furieux contre toi ».
  • Dire « Je suis mécontent quand tu es en retard » n’est pas l’expression du besoin à l’origine du sentiment. Le besoin aurait pu s’exprimer sous la forme « Je suis contrarié que tu arrives en retard car j’espérais que nous pourrions choisir les meilleures places. »
  • Dire « Je voudrais que tu sois sincère avec moi, au sujet de la réunion d’hier » n’est pas l’expression d’une demande. La demande aurait pu se formuler ainsi : « J’aimerais connaître tes sentiments à propos de ce que j’ai fait, et savoir ce que tu aimerais que je fasse différemment. »

Le principe de la CNV

  • J’exprime avec honnêteté comment je me sens, sans formuler de reproches ni de critiques. Je demande clairement ce qui pourrait embellir/enrichir ma vie sans que cela soit une exigence.
  • J’écoute avec empathie comment mon interlocuteur se sent, sans entendre de reproches ni de critiques. Je reçois avec empathie ce qui pourrait embellir/enrichir sa vie sans entendre une exigence.

Vous êtes prévenus : principe simple à énoncer, mise en pratique pas facile !

Au lieu d’observer, nous avons tendance à évaluer (l’autre ou soi-même). Notre interlocuteur risque alors d’entendre une critique.
Au lieu d’exprimer nos sentiments, nous nous lançons dans des interprétations mentales.
Au lieu de demander, nous avons tendance à exiger.

Illustration initiation CNV Rosenberg

 

Pourquoi vouloir pratiquer la CNV ?

Parce que la communication que vous pratiquez actuellement ne produit pas que des résultats fantastiques.

Parce qu’il y a 4 façons d’accueillir un message négatif :
1. se sentir fautif
2. rejeter la faute sur l’autre
3. percevoir nos sentiments et besoins
4. chercher à percevoir les sentiments et besoins de l’autre.

Parce que même si votre pratique de la CNV n’est pas parfaite ce sera toujours mieux que votre communication « habituelle » !

La communication non violente au travail ?

En lisant le livre de Marshall Rosenberg, je m’interrogeais sur le temps très contraint et la communication à distance qui régissent souvent les échanges au travail.

Quid de la CNV par mail ? Quid de la CNV quand « le temps presse » ?

En cherchant sur internet j’ai ainsi découvert un ouvrage de Françoise Keller sur la CNV au travail.

Il n’est pas improbable que je revienne prochainement vers vous avec un nouvel article sur la CNV au travail…

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Piloter le changement

A la découverte de Hyacinthe Dubreuil

Hyacinthe Dubreuil, vous connaissez ?

En ce 24 novembre 2016, Isaac Getz, auteur de L’entreprise libérée et Jean-Pierre Schmitt rendaient hommage à Hyacinthe Dubreuil dans les locaux de l’ESCP Europe à Paris.

Avant de recevoir l’invitation de Christophe Faurie à cet événement, j’avoue que Hyacinthe Dubreuil, auteur issu du courant radical français, décédé en 1971, m’était totalement inconnu. C’est donc avec une grande curiosité que j’écoutais les 3 tables rondes consacrées à ce personnage étonnant : ouvrier qui siégea plus tard au B.I.T., après un passage chez Ford à Détroit. Son  parcours reflète un vrai chemin individuel, non consensuel et non exempt de sa part d’ombre pendant l’Occupation.

Loin de moi l’idée de retracer ici les minutes des 3 tables rondes qui ont rythmé l’après-midi mais plutôt l’envie de partager avec vous mes coups de coeur en découvrant une oeuvre riche, originale à travers la diversité des apports et réflexions des différents intervenants :
– Jean-Pierre Schmitt, CNAM
– Georges Trépo, HEC
– Christophe Faurie, Cabinet Faurie
– Michel Raquin, ancien directeur de l’Organisation du Crédit Lyonnais
– Jean-Michel Saussois, ESCP Europe
– Isabelle Lespinet-Moret, Université Paris I Panthéon Sorbonne
– Jean-François Naton, conseiller confédéral CGT et vice-président du CESE
– Laurent Ledoux, CEO Euractiv
– Isaac Getz, ESCP Europe
– Jean-Michel Gueguiner, ex-DG Bretagne Atelier
– Stanislas Desjonquières, PDG Biose
– Alain d’Iribarne, CNRS.

sans oublier l’animation du colloque par Jacques Gautrand.

En introduction, Jean-Pierre Schmitt synthétise l’apport de Hyacinthe Dubreuil sur :
1) le salariat : il faut passer à un dialogue plus égalitaire avec le patronat et reconnaître la production (la payer).
2) le commandement : il faut légitimer l’autorité.
3) l’organisation des entreprises : il faut la fonder sur la liberté de façon à pouvoir satisfaire les trois bases morale, intellectuelle et matérielle du bonheur en entreprise. La responsabilité conduit à la liberté. Dubreuil promeut les équipes autonomes en entreprise. Pas d’autogestion mais la commandite (en référence aux ouvriers du livre).

« Ne nous commandez pas, donnez-nous des commandes ! »

A l’heure où certains se font les chantres de la fin du salariat pendant que d’autres appellent de leurs voeux l’entreprise libérée, cette phrase sonne étrangement moderne !

Pour découvrir l’humanisme de Hyacinthe Dubreuil, je vous invite à lire le support de présentation de Christophe Faurie, utilisé lors de la première table ronde. Vous trouverez également un billet de Christophe Faurie sur son blog.

« Je-nous » et le va-et-vient entre les deux…

changement Hyacinthe Dubreuil
Table ronde sur Hyacinthe Dubreuil, ESCP Europe, 24/11/16

Jean-François Naton rappelle les courants politiques et sociaux qui pensaient que le « nous », le collectif allait pouvoir changer le « je » pour conclure qu’aujourd’hui il observe que c’est le « je » qui va transformer le « nous ». Il complète son propos en précisant que le coût du mal travail étant estimé à 80 milliards € une prise de conscience pour mettre en place une dynamique de bienveillance s’avère indispensable…

L’entreprise libérée, dont Hyacinthe Dubreuil serait le précurseur, suppose une autonomie de chaque personne qui n’existe pas encore de façon répandue en France, où la verticalité de l’éducation puis celle de l’entreprise basée sur une hiérarchie particulièrement rigide (par rapport aux pays anglo-saxons) ne favorisent nullement des comportements « adultes ». « La France part de loin, il y a donc une soif, une aspiration profonde à cette liberté en entreprise. », affirme Isaac Getz avant d’ajouter « mais c’est encore très marginal ! ».

Productivité et bien-être, « Productivité et joie »

Isaac Getz rappelle que la démarche d’entreprise libérée n’a pas pour objectif premier la productivité mais le bien-être des personnes qui y travaillent et que l’amélioration de la productivité viendra comme résultante de ce bien-être au travail. « Plus on est engagé, moins on se fatigue ».

Jean-Pierre Schmitt rappelle à ce propos que Hyacinthe Dubreuil avait sous-titré son deuxième ouvrage « Poductivité et joie »…

Plusieurs orateurs font part de leur scepticisme quant au vocable « entreprise libérée » tout en précisant que leur critique porte uniquement sur l’étiquette, pas le contenu.

changement Hyacinthe Dubreuil

Table ronde sur Hyacinthe Dubreuil, ESCP Europe, 24/11/16

« Je pense que je vous aime »

Je n’assiste pas souvent à des débats sur des questions de management qui conduisent à des déclarations aussi enflammées. C’est pourtant ce qu’une dame, dans le public, choisit de déclarer à l’un des orateurs ! Je veux y voir une belle influence de la pensée de Hyacinthe Dubreuil transmise par les différents orateurs à un public conquis.

Hommage réussi !

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Guide des égarés en entreprise

Guide des égarés en entreprise – Le temps

Le temps déformé

Nouvelle rubrique dans ce blog : le guide des égarés en entreprise. En référence au dernier livre de Jean d’Ormesson, Le guide des égarés qui lui-même reprend le titre de l’ouvrage du philosophe Moïse Maïmonide (12ème siècle), également traduit par Le guide des perplexes.

Dans son dernier ouvrage, Jean d’Ormesson consacre quelques belles pages au temps. Mais que devient ce temps si mystérieux dans le monde de l’entreprise ?

Le guide des égarés en entreprise

Le temps de l’autre

Caractéristique principale : il ne compte pour rien.

Caractéristique notable : adaptable à l’infini, c’est-à-dire devant se conformer au temps de l’autre, à savoir le temps de soi-même (voir ci-dessous)

Son temps à soi

Caractéristique remarquable : variable pour chacun, en fonction du moment. En effet, certains n’ont pas le temps pendant que d’autres ont tout leur temps pour vous faire attendre. Allez comprendre…

Le temps de la décision

Caractéristique paradoxale : de plus en plus souvent oublié, il en devient de plus en plus long.

Le temps du changement

Caractéristique surprenante : se réduit à zéro dans l’esprit de ceux qui ont pris la décision du changement pour les autres mais peut prendre un certain temps, voire un temps certain pour ceux qui ont à vivre le changement décidé par d’autres.

Le temps de l’urgence

Entièrement galvaudé. Un vrai has been. Tout est urgent. Donc rien ne l’est plus.

Le temps des réunions

Particulièrement déconcertant, il semble n’avoir aucun coût…à moins que…

Ne devrait-on pas calculer en fin de chaque réunion le coût du temps passé ? (nombre de participants X salaire horaire X durée de la réunion). A comparer au nombre de fois où aura été prononcée la phrase « Nous ne disposons pas des ressources nécessaires », pendant la dite réunion.

Le temps qui se perd

cf. rubriques précédentes

Le temps en instantané

Le temps en discontinu, la négation même du temps. Quand on oublie d’où vient la décision et pour quoi on la prend.

Enfin n’oubliez pas, « Il n’est pas de problème dont le temps et l’absence de solution ne sauraient venir à bout ». (Henri Queuille)

 

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Billets d'humeur

L’incapacité se cacherait-elle derrière l’agilité ?

Tous agiles !

Tel est le nouveau mot d’ordre en entreprise.

Issue des méthodes agiles de développement de projet informatique, l’agilité d’entreprise fait florès et envahit la Toile d’articles sur le sujet. Si vous y avez échappé ou si le sujet ne vous paraît pas si limpide que cela, vous pourrez découvrir avec intérêt les fondements de l’agilité d’entreprise parmi lesquels l’adaptation au changement, le mode collaboratif, le droit à l’erreur ou encore procéder par itérations.

On ne peut que se féliciter de cette recherche d’agilité. Cependant, au quotidien, loin des beaux principes il y a la réalité de la pratique. Sous couvert d’agilité, on fait et refait, refait et fait refaire sans souci du coût de ces itérations. Certes, faire et défaire est consubstantiel du travail en entreprise mais parfois le doute s’installe sur la légitimité de cette pratique de plus en plus courante.

L’agilité comme subterfuge ?

L’observation attentive (1) et distanciée de la pratique de ces itérations, refaits et refaits montre souvent qu’ils auraient pu être évités si le résultat avait été pensé – je dirais conçu et voulu – le chemin pour y arriver anticipé et pensé de bout en bout.

Les itérations introduites dans les méthodes agiles de conduite de projet informatique avaient pour but d’éviter les longs tunnels de développement informatique et leurs résultats ne correspondant pas toujours aux attentes des protagonistes. Aujourd’hui, les tests et itérations semblent compris par certains non seulement comme un droit à l’erreur mais aussi une autorisation à ne pas penser, ne pas anticiper et ne pas prendre en compte coûts et délais, surtout quand il s’agit de ceux des autres.

Agilité ou souplesse ne sont pas synonymes d’invertébration.

L’agilité et le droit à l’erreur ne doivent pas servir de subterfuges à une forme d’incapacité à faire bien du premier coup faute de réflexion, d’anticipation, d’organisation et de volonté.

Agilité

(1) Mon observation porte sur des exemples pris dans des grandes entreprises du secteur tertiaire. Le phénomène est probablement moins marqué dans l’industrie où la réalité « matérielle » de la production viendrait vite rattraper les dérives de l’agilité. Je veux croire que pour construire un pont ou faire du pain on continue de penser, vouloir, anticiper, organiser…et qu’on veille à réussir du premier coup !

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Est-ce ainsi que les Hommes travaillent ? En entreprise, une façon de travailler parfois déconcertante…

façon de travailler

Rentrée oblige, 2 petits exercices pour contrôler les compétences acquises sur la façon de travailler en entreprise !

Thème : vous et la façon de travailler de vos collègues

Exercice ° 1

Contexte : mise en oeuvre de changements organisationnels avec ressources de l’équipe projet limitées pour ne pas dire rares ainsi que des très fortes contraintes de délais.

Observation : forte propension des ressources en place à refaire et refaire et refaire sans souci de l’impact de cette façon de travailler sur les coûts et les délais.

Conduite à tenir (choisissez la ou les bonnes réponses) :

  1. Ne pas se faire remarquer et se fondre dans la masse pour s’aligner sur la façon de travailler ambiante : refaire et refaire, sans souci des surcoûts et des délais.
  2. Essayer de faire bien du premier coup en intégrant les contraintes de coûts et délais mais attention on ne vous laissera pas faire car pour d’autres il est essentiel de refaire et refaire….de façon à remplir sa journée.
  3. Trouver une façon de faire qui fasse avancer les choses dans l’intérêt général, sans s’appesantir sur tout ce qui pourrait être fait…mais ne l’est pas parce que l’efficience ne semble pas à l’ordre du jour.
  4. Fuir !
  5. Rester parce que quand vous essayez d’imaginer ce qui se passerait si vous n’étiez pas là (et personne pour vous remplacer)….eh bien….ça vous procure un sentiment d’utilité !

 

Exercice n° 2

Contexte : on fait appel à vous pour votre créativité dans votre domaine d’expertise mais…

Observation : …quand vous proposez des solutions innovantes dans votre domaine d’expertise, on vous dit bravo dans un premier temps puis on range gentiment dans le tiroir vos idées et on continue de faire comme avant. Surtout, pas de changement. Ne pas faire ce qu’on a jamais fait semble être la loi fondamentale de la façon de travailler.

Conduite à tenir (choisissez la ou les bonnes réponses) :

  1. Laisser tomber parce que l’acharnement thérapeutique c’est pas votre truc !
  2. Laisser tomber parce que vous faites partie de la génération Y et que cette façon de travailler vous la trouvez pas fun du tout !
  3. Noter scrupuleusement toutes les propositions faites et abandonnées en se disant que peut-être un jour elles seront utiles à quelqu’un…Rêvons un peu.
  4. Accepter que votre rôle soit de proposer des idées innovantes qui ne seront pas mises en oeuvre et qu’en faisant cela vous faites ce que l’on attend de vous.
  5. Ré-écouter Ferré chantant « Est-ce ainsi que les hommes vivent ?« … »et leurs désirs au loin les suivent »… »c’était un temps déraisonnable »… »Moi si j’y tenais mal mon rôle c’était de n’y comprendre rien« .

N’hésitez pas à partager vos réponses sur le blog !

PS : aucun corrigé prévu ! 😉