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Contribuer au changement

Immobilisme fébrile ? Une proposition d’actualisation de la « complacency » de John Kotter

Regards croisés sur la première étape de Kotter

Un oxymore pour mettre en question la première des huit étapes de conduite du changement selon John Kotter, à savoir créer un sentiment d’urgence pour déclencher le changement. Selon John Kotter, cette étape est une réponse à la « complacency » qui peut régner dans l’entreprise, empêchant ainsi la prise de conscience de la nécessité du changement.

De la « complacency » au sentiment d’urgence

Illustration pour article sur Kotter

Selon Kotter, la « complacency » est le principal obstacle à créer le sentiment de nécessité, d’urgence pour initier le changement.
« Complacency » peut se traduire de différentes façons : auto-satisfaction, aveuglement, suffisance, se reposer sur ses lauriers, insouciance, excès de confiance, relâchement des efforts, inertie, manque de vigilance…
Toujours selon cet auteur, elle est très présente dans les grandes entreprises, anciennes, qui ont une culture tournée vers l’intérieur de l’entreprise et non pas vers l’extérieur.

La fable « Alerte sur la banquise », autre ouvrage de John Kotter, illustre astucieusement son propos. Quand Fred, un manchot empereur, découvre que son iceberg se fissure et s’en inquiète il doit faire face à l’immobilisme des manchots membres du Conseil de Surveillance: il y a celui qui exige des tonnes et des tonnes de chiffres pour démontrer le risque, un autre qui craint que Fred ne remette en cause sa légitimité, et alii.
Mais c’est une fable ! Cela ne se passe pas comme ça chez les humains, bien sûr. 😉

« Seuls les paranoïaques survivent »

On pourrait croire qu’Andrew Grove, ancien PDG d’Intel, répond à Kotter en titrant son ouvrage « Only the paranoid survive » qu’il publie la même année que « Leading Change », en 1996. Ne jamais être satisfait car c’est quand le ciel est bleu et que les indicateurs sont au vert que le changement est nécessaire. Après, il sera trop tard.

Les règles (non dites) ont changé. Sans prévenir. Ce qui marchait ne marche plus. Il est crucial de sentir le vent tourner. Il faut donc accepter de s’exposer au vent du changement.

C’est ainsi qu’Andrew Grove raconte avec brio l’incident du Pentium.

Agitation, en place et lieu du changement ?

Il est normal que John Kotter ne l’évoque pas dans sa première étape puisque cette étape se situe avant que le changement ne se mette en place. Pourtant, en plus de l’auto-satisfaction, j’ai observé un autre phénomène qui empêche le changement de se mettre en place : l’agitation.On observe alors des changements sans « fond », sans « sens », sans réalité. Peu importe d’ailleurs qu’ils aboutissent ou pas. Ce sont des changements qui occupent. Sans faire avancer.

Une façon d’empêcher le changement c’est de s’agiter et d’appeler cela changer. Pour autant le changement n’est pas l’agitation.

La « complacency » serait-elle désormais masquée par l’agitation sans changement ?

Je suis certaine que chacun a plusieurs exemples en tête pour illustrer mon propos, que ce soit en entreprise ou dans la vie publique.

2 réponses sur « Immobilisme fébrile ? Une proposition d’actualisation de la « complacency » de John Kotter »

Si l’on initie les changements quand le ciel est bleu et les indicateurs au vert, a-t-on alors tout de même besoin de ce sentiment d’urgence ou peut-on considérer qu’on se trouve dans la situation idéale pour mettre en place une sorte de culture d’acceptation du changement ?

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